En Algérie, les électeurs sont appelés dimanche premier novembre et jour anniversaire de l'indépendance, à se prononcer sur un référendum constitutionnel en pleine pandémie du coronavirus. En fait, cet appel à la révision de la Constitution algérienne de 1966 une fois de plus dirions-nous, tant chaque président a eu sa ou ses constitutions, et dont l'avis participatif du peuple est des plus improbables, serait plutôt un appel à mieux habiller ou à légitimer un chef de l'Etat mal élu, Adbelmadjid Tebboune en l'occurrence, actuellement hospitalisé en Allemagne pour « examens médicaux approfondis ». La campagne s'est achevée mercredi 28 octobre 2020 sans qu'elle n'ait suscité un quelconque engouement populaire. « La campagne électorale, censée mobiliser les Algériens autour du projet de révision de la Constitution, s'achève donc comme elle avait commencé, c'est-à-dire dans l'indifférence la plus totale », a écrit El Watan. C'est tout dire. Le citoyen algérien, qui depuis l'indépendance du pays n'a eu de cesse d'être balloté d'un gouvernement à l'autre, ne croit plus en ses gouvernants qui eux fanfaronnent la consécration d'une Algérie nouvelle. D'ailleurs, le peuple algérien de la même manière que pour l'élection présidentielle appelle à s'y opposer tout en sachant que les détenteurs du pouvoir que sont les généraux en kaki la feront passer du reste, comme un couteau dans du beurre. Déjà adoptée par le Législatif en septembre, elle n'attend que l'aval populaire de quelque 25 millions d'électeurs algériens dont un bon pourcentage de militaires car en Algérie, les casernes ont des urnes que l'urne ne comprend pas. Cette révision de la Constitution comporterait quelques « carottes » pour caresser dans le sens du poil de la bête le mouvement contestataire du « Hirak », mais surtout de par son côté « bâton » renforce le diktat du régime présidentialiste tout en élargissant au plus fort les prérogatives de l'armée. La réforme (promesse électorale dont personne n'a voulue) a été proposée par le président qui, ô trouvaille, l'avait qualifiée de « pierre angulaire de la nouvelle Algérie ». Mais de quel côté que l'on se place elle est rejetée par tous, mis à part bien sûr, les béni-oui-oui tels les randos du RND, FLN, TAJ et autres. Bref, ce sont toujours ces mêmes soutiens de tous les mandats du président déchu, Abdelaziz Bouteflika, et les mêmes politicards qui se sont mis au-devant de la scène pour plaider en faveur de ce nouveau projet. Ils n'auront fini par convaincre que le cercle de l'habituelle clientèle du pouvoir. D'ailleurs, durant les trois semaines qu'a duré la campagne, seuls les partisans du « oui » ont pu largement s'exprimer dans les médias officiels. Ceux du non étaient trop occupés à goûter aux délices de la répression et du harcèlement judiciaire tels ceux subis par les militants du «Hirak», les cyber activistes et autres partisans des droits de l'homme. Toujours est-il, que l'opposition rejette le référendum constitutionnel, estimant que son objectif est d'enterrer le « Hirak » qui exige, ni moins ni plus, qu'un « démantèlement du système politique » en place depuis l'indépendance (1962). D'un autre côté, cette révision ouvre la perspective aux Salafistes de se rappeler au bons souvenirs du régime et de dénoncer ces textes qui prônent l'Etat laïque à la solde de l'Occident. « En se coupant du +Hirak+ après avoir loué ses bienfaits, le régime s'est cantonné dans une posture défensive, desservi par un personnel politique incompétent, incapable de se débarrasser des vieux réflexes basés sur le mépris, l'autoritarisme et le populisme » nous dit encore El Watan dans son édition du 25 octobre