La campagne en vue du référendum sur la révision de la Constitution en Algérie s'est achevée mercredi sans avoir suscité l'engouement des Algériens. Si cette révision comporte des avancées démocratiques, elle suscite aussi la défiance d'une partie de la population dans un contexte de forte répression des journalistes et des figures du « Hirak ». Pour ou contre une révision de la Constitution : près de 25 millions d'électeurs sont appelés à se prononcer dimanche 1er novembre sur une révision constitutionnelle censée fonder une « Nouvelle République » et répondre aux aspirations du mouvement de protestation populaire « Hirak ». La réforme a été proposée par le président Abdelmadjid Tebboune, dont elle était une promesse électorale et qui l'a qualifiée de « pierre angulaire de la nouvelle Algérie ». Abdelmadjid Tebboune, 74 ans, hospitalisé dans un établissement militaire d'Alger après des cas suspects de Covid-19 dans son entourage, a été transféré mercredi soir en Allemagne pour des examens médicaux. Dans certains quartiers d'Alger, nombre de panneaux électoraux sont restés vides, tandis que les affiches ont été arrachées sur d'autres. Les trois semaines de campagne se sont quasiment déroulées à sens unique : seuls les partisans du « oui » ont pu largement s'exprimer dans les médias officiels. Ces derniers jours, le gouvernement, avec à sa tête le Premier ministre Abdelaziz Djerad, a mis les bouchées doubles en organisant des meetings et autres « rencontres avec la société civile » pour défendre l'amendement constitutionnel. « Voulue par le président Tebboune comme le socle de son projet de société pour la ‘nouvelle Algérie', la tenue du référendum ne semble pas susciter l'adhésion et l'enthousiasme des Algériens, comme l'atteste la campagne électorale qui n'a pas tenu les promesses faites par les autorités pour en faire un cadre de débat démocratique et de large mobilisation populaire, une fête électorale », relate le quotidien francophone El Watan. Une date symbolique La nouvelle Loi fondamentale, tout en mettant l'accent sur une série de droits et libertés entendant satisfaire les revendications du « Hirak », maintient un régime présidentialiste et autorise d'éventuelles missions de l'armée à l'étranger. Soulèvement inédit, pacifique et sans véritable leadership, le « Hirak » est né en février 2019 d'un immense ras-le-bol des Algériens, qui réclament un profond changement du « système » en place depuis 1962. En vain jusqu'à présent, même s'il a arraché le départ du président Abdelaziz Bouteflika en avril 2019. La date du référendum, le 1er novembre, est hautement symbolique. Elle marque l'anniversaire du début de la Guerre d'indépendance contre la puissance coloniale française (1954-1962). « Novembre 1954 : la libération, novembre 2020 : le changement », promet le slogan officiel de la campagne qui s'est achevée mercredi à minuit. Dans un climat de répression, les opposants, des islamistes à l'extrême-gauche en passant par les défenseurs des droits humains, dénoncent un projet visant à enterrer le « Hirak » pour les uns et à constitutionnaliser la laïcité pour les autres.