Alors que l'Etat recherche des solutions urgentes pour améliorer la situation sociale de la classe vulnérable, celle des familles qui tirent leurs revenus du secteur informel, il se trouve que celle des travailleurs du secteur organisé n'est pas meilleure non plus. La raison trouve ses racines dans les bas salaires et dans le manque de respect d'une grande partie des employeurs qui ne se conforment pas aux exigences et aux obligations de Code du travail, vis-à-vis de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Cela place les travailleurs dans une situation de précarité sociale, que ce soit pendant le travail ou après la retraite. Et si un grand nombre de travailleurs actifs dans le secteur privé sont touchés dans leur poche pendant la phase de travail, il en est pire lorsqu'ils partent à la retraite. Des pensions très maigres, quand d'aucuns d'entre eux ne perçoivent rien après avoir atteint l'âge légal de la retraite, car n'accumulant pas le nombre de jours requis ( 3240 jours) alors qu'ils ont travaillé des années durant. La cause, le défaut de déclaration du nombre réel de jours œuvrés des travailleurs à la CNSS par l'employeur. Le nombre de retraités qui perçoivent des pensions de la Caisse nationale de sécurité sociale est de 570 000 retraités (femmes et hommes). Cependant, leur pension moyenne ne dépasse pas 1 600 dirhams, 72 % gagnent moins de 2000 dirhams, tandis que 56% perçoivent une maigre pension de moins de 1500 dirhams. Mohamed Alaoui, membre du Secrétariat national de l'UMT, a qualifié ces chiffres, qu'il a présentés lors d'un séminaire organisé par les jeunes travailleurs marocains vendredi soir dernier sur la couverture sociale universelle, de « statistiques très effrayantes », commentant : « Passer toute sa vie au travail, et percevoir moins de mille cinq cents dirhams, à la retraite est inadmissible ». Mohamed Alaoui a souligné que le système de protection sociale au Maroc souffre d'un certain nombre de déséquilibres qui doivent être corrigés immédiatement, pour assurer une protection sociale efficace. Il a ensuite présenté une autre information qu'il a qualifiée de « dangereuse », à savoir qu'environ 40% des employés adhérents à la CNSS n'atteignent pas les 3240 jours ouvrables, parce que leurs employeurs ne déclarent pas le nombre de jours réels de travail et se voient du fait, dans l'incapacité de percevoir de pension à l'âge de la retraite. Pire, ils se voient également refuser l'accès aux indemnités familiales et médicales. Sur la base des données numériques fournies par le dirigeant du syndicat marocain, les statistiques gouvernementales concernant les retraités doivent être révisées. En effet, les salariés qui n'atteignent pas le nombre de jours requis pour obtenir une pension après avoir atteint l'âge de la retraite sont comptabilisés parmi les retraités, « et en fait, ils ne sont pas à la retraite parce qu'ils ne perçoivent aucune pension », ajoute le syndicaliste. Au total, environ 60% des Marocains ne bénéficient d'aucune protection sociale. Le nombre de salariés ayant atteint l'âge de la retraite et ne bénéficiant d'aucune pension, qu'ils travaillent dans le secteur privé formel ou à leur compte, atteint 76%, tandis que ceux qui ont une pension ne dépassent pas 46%. Le nombre de salariés actifs adhérents à la CNSS est de 3 470 000 (3,47 millions), selon les statistiques de 2018. Cependant, le nombre moyen de jours de travail autorisés, selon les témoignages fournis par Mohamed Alaoui, ne dépasse pas 212 jours par an, soit huit mois, ce qui indique clairement que la volonté des employeurs de ne pas déclarer le nombre de jours de travail effectifs pour les salariés, a des répercussions négatives sur leur retraite, sur l'utilisation des services de santé et la compensation Familial. En ce qui concerne la couverture médicale, Mohamed Alaoui a déclaré que le nombre de ses bénéficiaires atteignait environ 55%, selon les chiffres officiels. Si l'on excepte les bénéficiaires du système d'assistance médicale «RAMED», et les problèmes qu'ils endurent, la couverture maladie obligatoire AMO ne dépasse pas 35%. « C'est un étrange paradoxe que le salarié supporte 50% des frais de traitement en les payant » a-t-il estimé, « or, la couverture santé a été mise en place comme une base afin de protéger justement ces dépenses. De ce fait nombre d'entre eux ont abandonné leur droit aux soins médicaux, car ils n'avaient pas les moyens financiers de supporter le pourcentage restant des frais de traitement »