« L'atmosphère festive dans le Rif suite à la libération de détenus du Hirak est incomplète tant que les autres détenus du Hirak sont dans des prisons séparées et éloignées » ont déclaré les mères d'un certain nombre prisonniers du Hirak. Elles ont tenu néanmoins à saluer chaleureusement la démarche de grâce royale en faveur de dizaines de détenus, et elles ont appelé l'Etat marocain à compléter l'action du Souverain en libérant tous les détenus au nombre de 30 emprisonnés à travers différentes geôles du Royaume. La mère de Nasser Zefzafi considéré comme « l'icône du Hirak », un détenu condamné à 20 ans de prison, a déclaré qu'elle n'avait plus vu son fils depuis plus de six mois et ce, en raison de la situation épidémiologique du coronavirus (Covid-19), appelant à sa libération ou au moins à son transfert à la prison de « Silouane » afin « qu'elle puisse le voir et le nourrir ». Zefzafi mère a ajouté qu'elle espérait toujours la nouvelle de la libération de son fils, qui se trouve dans une situation difficile en cellule, soulignant que « les promesses de le transférer dans une prison voisine de sa résidence n'ont pas encore été tenues». Elle a redit tout son chagrin ressenti lors de l'Aïd al-Fitr et de l'Aïd al-Adha, les deux seules fois par an où son fils peut goûter à ses pâtisseries. Zefzafi mère a par ailleurs indiqué avoir reçu la nouvelle de la libération des détenus avec joie, mais a affirmé que « son sentiment est inachevé tant que tous les détenus du Hirak n'ont pas quitté leur cellule ». Pour sa part, la mère du détenu Mohamed Jalloul condamné à dix ans, dans le cadre de sa participation au Hirak et actuellement détenu à la prison de Tanger a déclaré que son fils était innocent et qu'il « est resté à l'isolement en prison après que ses compagnons aient bénéficié de la liberté et de la grâce royale ». La mère de Jalloul, qui travaillait comme professeur avant cette douloureuse expérience de la prison, a déclaré : «Mon fils était activiste dans le Mouvement du 20 février et avait passé 5 ans en prison pour cela, après sa libération, il a participé au mouvement du Hirak, et maintenant il purge une peine d'isolement sans aucun contact avec le reste des détenus. La sœur de Mohammad Haki, un condamné à 15 ans de prison à Guercif, a demandé la libération de son frère, et a déclaré que « la pandémie a accru la souffrance des détenus », ajoutant que cela faisait « 6 mois que nous n'avons pas rendu visite aux détenus … les conversations téléphoniques ne suffisent pas ». Et elle a poursuivi que pour ce qui est des médicaments « nous avons remarqué la procrastination dans la fourniture de services médicaux ». L'oratrice a en outre déclaré que les détenus se plaignent d'un manque de nourriture en citant son frère « Je ne trouve rien pour me remplir l'estomac ». Officiellement, le nombre de personnes arrêtées dans le cadre des manifestations du « Hirak » du Rif ne dépasse pas les trente personnes, selon des sources. Certains ont purgé leur peine et d'autres ont bénéficié de la grâce royale, ce qui a fait naître un brin d'espoir et de liberté parmi les familles et les militants des droits humains, compte tenu du nombre limité de détenus restants.