Aux Etats-Unis, l'intervention de forces fédérales pour mettre fin à des troubles à Portland, dans l'Oregon, alimente la controverse. Les affrontements de rue se sont doublés d'une querelle virulente opposant les autorités locales, majoritairement démocrates, à l'Etat fédéral, qui a estimé qu'il était légitime pour intervenir afin de contribuer à rétablir l'ordre. Le maire de la ville, Ted Wheeler, et la gouverneure de l'Oregon, Kate Brown, estiment au contraire que cette irruption non concertée exacerbe les tensions et exigent le départ de ces forces. Les actions des agents fédéraux lors des manifestations dans la plus grande ville de l'Oregon, ont été saluées par le président Donald Trump « En trois jours, elles ont mis plein d'anarchistes en prison, elles ont vraiment fait un travail fantastique en très peu de temps ». Menées sans le consentement local, elles soulèvent la perspective d'une crise constitutionnelle – une crise qui pourrait encore s'aggraver alors que le président américain tente de se positionner en homme de « la loi et l'ordre » et plaide la manière forte. Tout a commencé lorsque les manifestants se sont rassemblés devant le palais de justice fédéral américain de Portland au centre-ville tard lundi soir, avant que les autorités ne les évacuent provoquant des échauffourées. Ce qui a conduit à des arrestations de manifestants par des éléments fédéraux non identifiés du département de la sécurité intérieure déployés à Portland. Ils ont été emmenés dans des véhicules banalisés, interrogés puis relâchés. Les autorités locales estiment que le dixième amendement de la Constitution américaine a été violé. Il interdit à l'Etat fédéral d'intervenir de manière intempestive dans les affaires des Etats. « C'est une démocratie, pas une dictature », a déclaré la gouvernante de l'Oregon, Kate Brown, démocrate, sur Twitter. « Nous ne pouvons pas laisser la police secrète enlever des personnes dans des véhicules banalisés ». Un républicain éminent, le sénateur Rand Paul du Kentucky, qui est du flanc libertaire du parti, a critiqué la police fédérale. « Nous ne pouvons pas abandonner la liberté pour la sécurité. Les forces de l'ordre locales peuvent et doivent gérer ces situations dans nos villes, mais il n'y a pas de place pour les troupes fédérales ou les agents fédéraux non identifiés ». a-t-il déclaré dans un tweet lundi. L'administration de Donald Trump n'en a cure et avance que l'Etat fédéral peut intervenir où bon lui semble pour défendre les institutions fédérales et les bâtiments fédéraux, sans avoir à s'en remettre aux Etats concernés. Même plus, Donald Trump envisage d'envoyer également des agents fédéraux dans d'autres villes où la « violence endémique » qui existe comme certaines grandes métropoles américaines, dont la ville de Chicago, considérée comme « pire que l'Afghanistan », lundi, par Donald Trump. « Nous allons avoir plus d'application de la loi fédérale, je peux vous le dire ». Le Chicago Tribune, citant des sources anonymes, a rapporté lundi que Trump prévoyait de déployer 150 agents fédéraux à Chicago. « L'idée qu'il existe que les autorités fédérales interviennent et fassent tout ce qu'elles veulent faire sans l'avis ni la coordination des autorités étatiques et locales, est exceptionnelle en dehors du contexte d'une guerre civile », a déclaré Michael Dorf, professeur de droit constitutionnel à l'Université Cornell. « Le prétexte de réprimer la violence pour faire entrer la force, provoque une réponse violente et autorise l'usage de la force », a déclaré Dorf.