Les relations maroco-algériennes connaissent une nouvelle tension à cause de la nouvelle escalade algérienne. La diffusion d'une vidéo d'une rencontre du consul marocain à Oran avec des ressortissants marocains, qui demandent leur rapatriement au Maroc,est rapidement devenue virale sur les réseaux sociaux algériens. Le consul marocain a fait l'objet d'un véritable lynchage sur ces réseaux et dans les médias algériens. Ces derniers accusent le diplomate marocain d'avoir qualifié son pays hôte de « pays ennemi ». Le mercredi 13 mai 2020, le ministre algérien des affaires étrangères, Sabri Bouqadoum, a convoqué l'Ambassadeur du Maroc à Alger pour protester contre la soit disons déclaration attribuée au consul du Maroc à Oran. Selon une déclaration officielle du ministère des affaires étrangères algérien, l'Ambassadeur du royaume a été informé que si les propos du consul, qualifiant l'Algérie de « pays ennemi », venait à être confirmés « cela constituerai une grave violation des normes et traditions diplomatiques qui ne peut en aucune façon être acceptée » selon le texte de la déclaration. Pour l'instant le gouvernement marocain n'a pas réagi à cette nouvelle escalade algérienne, cependant une source diplomatique marocaine à Alger a complètement nié la véracité des propos prêtés au consul marocain. Cette source a a laissé entendre que la dite vidéo pourrait avoir fait l'objet d'un trucage,affirmant qu'elle a «fait l'objet d'un montage pour faire tenir au diplomate des propos qu'il n'a proféré à aucun moment ». La même source a estimé que cette vidéo retravaillée avec les propos prêtés au consul marocain, va à l'encontre des fondements essentiels des relations du royaume du Maroc avec l'Algérie. Cette énième escalade algérienne intervient dans un contexte marqué par la pandémie du Covid-19 et par de vives tensions depuis l'élection d'Abdelmajid Tebboune. Elle reflète encore une fois la dualité des réseaux sociaux et des médias algériens dans le traitement de cette nouvelle crise qui secoue les relations maroco-algériennes, occultant ainsi les déclarations de hauts responsables algériens qui ont, à plusieurs reprises, visé le Maroc. On citera à titre d'exemple les déclarations de l'ancien ministre des affaires étrangères algérien, Abdelkader Msahel, qui a accusé les banques marocaines de blanchir l'argent du cannabis. Msahel a également accusé la compagnie aérienne marocaine, la Royal Air Maroc, de transporter de la drogue à bord de ses avions à destination des pays africains.Une déclaration qui trahit l'irritation des dirigeants algériens vis-à-vis de l'engagement et de la stratégie africaine du Maroc, couronnés par le retour du Maroc au sein des instances de l'Union Africaine, ainsi que l'implantation des entreprises marocaines en Afrique. Ironiquement, le nouveau chef d'état -major par intérim, le général Said Chengueriha, a déjà qualifié le Maroc en 2016 de « pays ennemi ». Ce même général a lancé fin mars 2020, en pleine crise du Covid-19, des manœuvres militaires à minutions réelles de l'armée algérienne près de la frontière marocaine. Des manœuvres qui ont été considérées comme une grave provocation par le Maroc. On notera qu'après l'élection du président algérien Abdelmadjid Tebboune en décembre 2019, le roi Mohammed VI avait appelé le nouveau président à ouvrir une « nouvelle page » dans les relations entre les deux pays. Un appel qui est resté lettre morte jusqu'à présent. Alors que les pays de la région font face à la crise du Covid-19, ce qui impérativement devrait nécessiter une grande coopération entre leurs gouvernements respectifs, le président algérien n'a pas hésité, au cours du sommet virtuel des chefs d'Etats et du gouvernement du Mouvement des pays non-alignés, en début mai 2020 d'accuser le Maroc d'être « un occupant ». Une accusation qui avait suscité une vive réaction de Rabat et a poussé le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, àaccuser le régime algérien de soutenir le séparatisme et de détourner les ressources du pays pour alimenter la déstabilisation régionale. Elu en vertu d'un scrutin qui a connu le plus fort taux d'abstention dans l'histoire des élections présidentielles algériennes.Faisant face à une véritable crise de légitimité, doublée d'une une grave crise économique à cause de la chute des prix du pétrole.Le nouveau régime algérien, qui n'est autre qu'un remake de l'ancien régime, cherche par son escalade contre le Maroc, un échappatoire à ses multiples crises. Les dirigeants algériens essayent ainside détourner l'attention de l'opinion publique algérienne des véritables défis auxquels ils doivent faire face. Le régime algérien profite d'ailleurs d'un moment de répit, offert par la crise du Covid-19, face au Hirak, un mouvement de contestation jamais connu dans l'histoire de l'Algérie depuis son indépendance. Ce mouvement ne manquera pas de prendre son élan, après la crise du Covid-19, pour réclamer une vraie rupture avec l'ancien système politique algérien ainsi que de véritables réformes politiques, économiques et sociales. *Kamal Kajja, Docteur et chercheur en géopolitique