La crise économique liée au coronavirus a mis à mal plusieurs secteurs, notamment celui de la restauration. Conformément aux instructions des autorités locales, les restaurants et cafés ont été contraints de fermer boutique depuis mi-mars dernier, suite à l'instauration du confinement en vue d'éviter la propagation du virus dans ces structures qui accueillent un nombre important de clients par jour. Malgré le fait que la situation épidémiologique au Maroc connaît encore des hauts et des bas et ne s'est pas encore stabilisée, le gouvernement se dirige vers une reprise de l'activité économique progressive bien avant la date butoir du confinement (10 juin), en permettant notamment aux industries et aux sociétés et entreprises de reprendre le travail, pour sauver ce qui peut encore l'être et éviter le pire, mais à quelles conditions ! Pour ce qui est des restaurants et des cafés, la reprise sera un peu plus dure que les autres secteurs, puisqu'il s'agit d'espaces où les gens se rassemblent, entre amis ou en famille, pour passer un bon moment. Cela-dit, est-ce que les restaurants ou cafés ont reçu des instructions sur une éventuelle réouverture ? Si oui, comment cela doit-il se passer ? Autant de questions qui taraudent l'esprit des Marocains ( accrocs en grande partie aux cafés et restaurants) et auxquels a répondu Jean-Claude Kerenik, propriétaire d'un célèbre restaurant casablancais. Jean-Claude Kerenik explique à Hespress Fr qu'il n'a rien reçu des autorités publiques, n'a donc aucune visibilité par rapport à la date de reprise. "On se prépare tous les jours pour la reprise. Il faut entretenir nos locaux et nos matériels. Même si on ferme, il faut entretenir son outil de travail. On ne peut pas laisser un établissement fermé plus de deux mois sans entretien, c'est juste impossible", nous dit-il. Interrogé sur sa vision d'une éventuelle reprise d'activité au niveau de son restaurant, notre interlocuteur avance qu'il aimerait d'abord savoir "à quelles conditions" cela se fera. "Comme on n'a aucune condition, on ne sait pas comment sera la reprise. Ensuite, suivant les conditions, si c'est pour travailler avec juste 30% de capacité et 100% de personnel, ce n'est pas possible. C'est-à-dire, on va avoir 30% de chiffre d'affaires et 100% de charges. Invraisemblable. Impossible de travailler dans des conditions pareilles. Ensuite, on attend des garanties de l'Etat qu'on n'a toujours pas. On attend que l'Etat fasse un geste, ne serait-ce que pour l'IR (impôt sur revenu) ou encore la CNSS qu'on continu de payer quoi qu'il arrive", nous révèle-t-il. En parlant de l'IR, Kerenik nous indique qu'il faut le payer quoi qu'il arrive, crise ou pas crise. Même chose pour l'IS (impôt sur société), poursuit notre interlocuteur qui se demande comment il va payer toutes ses taxes alors que son restaurant est fermé depuis deux mois et demi déjà. Mais pas que ! Notre interlocuteur aborde pareillement d'autres types de taxes à payer, notamment celles relatives à la licence, pour les restaurants « classés » et qui servent de l'alcool. "On a des taxes qui sont parfois très lourdes. Là, ça fait trois mois qu'on ne travaille pas. Est-ce que l'Etat va nous faire des faveurs là-dessus. Après il y a beaucoup de choses qu'on demande, en tant que professionnels de la restauration, dans une telle crise", dit-il. Une baisse de la TVA dans la LF rectificative Concernant justement la question des taxes, Jean-Claude Kenerik nous a livré sa vision sur ce qui serait bien de rectifier au niveau de la loi de finances, sur fond de la crise économique liée au covid-19. " Ce qui serait bien, c'est une baisse de la TVA, baisse des charges ou annulation carrément des charges, pas de taxes communales sur la boisson, la taxe de licence il faut la supprimer aussi pour 2020. Après il y a des petites taxes communales qu'on ne peut pas les toucher, comme la taxe sur la terrasse ou encore la taxe de bâche qui ne représente pas beaucoup", avance-t-il, notant qu'il y a toutefois la taxe d'enseigne qui reste coûteuse. "Pour mon cas, j'ai déjà payé plusieurs de ces taxes en début d'année, mais il y a des taxes qu'il faut que le gouvernement supprime notamment la taxe sur le chiffre d'affaires. La taxe sur la boisson, c'est 10% de notre CA, plus 30% de notre CA qui va en impôts, qu'est-ce qu'il nous reste pour travailler ?", s'est-il interrogé. Par ailleurs, et en ce qui concerne la livraison à domicile, qui a commencé depuis le premier jour de l'Aïd pour quelques restaurants, cette option n'est pas envisageable pour Jean-Claude Kerenik, car pour lui, "c'est soit la réouverture complète, soit rien". "Dans notre restaurant, on ne fait pas de livraison, mais le client peut emporter son plat. On donne ça dans des boîtes avec des couverts, tout est propre. Pour nous, le problème sanitaire n'a jamais été un problème, mais la livraison ce n'est pas notre métier", conclut-il.