Le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) a dévoilé, dimanche 19 avril, son rapport sur la situation des droits de l'Homme au Maroc au titre de l'année 2019. Un rapport qui s'arrête en général sur les moments forts qui ont marqué l'actualité des droits de l'homme dans le pays pendant une année. Intitulé «effectivité des droits de l'Homme dans un modèle émergent des libertés », le rapport du CNDH , qui s'étend sur 82 pages, indique que ses commissions régionales ont mené 170 visites dans 76 établissements pénitentiaires qui ont donné suite à plusieurs recommandations soumises aux autorités et dont il assure le « suivi ». Des visites qui interviennent notamment dans le cadre du traitement des plaintes qui lui ont été adressées et qui concernent des individus poursuivis dans des affaires qui concernent également le terrorisme. Par ailleurs, et concernant la torture dans les prisons, Amina Bouayach a indiqué dans son mot d'introduction que, « la mise en place du mécanisme national de prévention contre la torture, pour lequel le Maroc a reçu une note A de la part du Comité des droits de l'Homme des Nations Unies, a été un moment phare dans sa vie institutionnelle, et dans l'histoire des droits de l'Homme dans notre Pays, comme l'a sans doute été le mémorandum sur la réforme du Code pénal » que le CNDH a publié, « tenant compte de son devoir d'encadrer le débat, d'apporter des réponses aux problématiques, et d'accompagner l'élargissement de l'espace des libertés dans notre société ». Cela dit, le rapport du CNDH au titre de l'année 2019, a également fait savoir que 20 plaintes ont été déposées pour torture et 58 pour mauvais traitement, estimant ainsi que le conseil n'est pas en mesure de « qualifier ces délations réels cas de torture », tout en soulignant que certains cas sont liés à des « sanctions légales » prises par l'administration pénitentiairs comme mesure disciplinaire à l'encontre des détenus concernés. Il convient de rappeler qu'en fin 2019 un audio de Nasser Zefzafi, considéré comme le leader du Hirak du Rif, avait fuité de la prison de Ras El Ma de Fès, laissant entendre qu'il a été victime de «torture», notamment le « viol », à l'instar d'autres détenus du mouvement, que ce soit lors de leur arrestation à Al Hoceima en 2016, ou encore le « traitement qui leur a été infligé » au sein de la prison. Des allégations catégoriquement réfutées par la Direction générale de l'administration pénitentiaire et de réinsertion (DGAPR). Cependant, et malgré les visites des comités régionaux du CNDH aux détenus du Hirak du Rif et du Hirak de Jerada ainsi que les rencontres tenues avec leurs familles, Khadija Ryadi, lauréate du Prix des Nations Unies pour les droits de l'homme et ancienne présidente de l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH), affirme encore une fois que Nasser Zefzafi a bel et bien été torturé, et accuse le CNDH de se « contredire ». « Le CNDH a la preuve que Nasser Zefzafi a fait l'objet de torture. Et c'est écrit sur son dernier rapport sur les détenus du Hirak du Rif. Il s'agit de conclusions livrées suite aux rapports médicaux des médecins du CNDH, chargés de faire le diagnostic de l'état de santé des détenus du Hirak, et qui disent que Nasser Zefzafi et d'autres détenus ont été victimes de torture », a-t-elle déclaré. La militante poursuit que « la nouvelle présidente du CNDH essaie d'effacer ce qui s'est passé auparavant à Al Hoceima. Mais ses événements ne seront jamais effacés », dit-elle, pointant ainsi le CNDH du doigt en soulignant que si « le conseil dit qu'il n'y a pas eu de torture, il doit à ce moment poursuivre les médecins qui ont réalisé les rapports médicaux ». In fine, Khadija Ryadi estime que le CNDH « remet en cause ses propres rapports », ajoutant que le CNDH « est toujours la même institution il y a de cela 2 ou 3 ans », et rappelle à nouveau que « l'institution avait dévoilé dans un ancien rapport suite aux conclusions de ses propres médecins, qu'il y a en effet torture ».