Le World Justice Project (WJP) publie ce mercredi l'Indice sur l'Etat de droit du WJP 2020, son rapport annuel basé sur plus de 130,000 sondages auprès de ménage et 4000 sondages auprès d'experts à travers le monde. Le Maroc y est classé 4è sur 8 pays de la région MENA, au moment où l'organisation pointe une «tendance négative soutenue en direction d'un état de droit plus faible à travers le monde». L'Indice sur l'Etat de Droit du WJP mesure la performance en terme d'Etat de droit de 128 pays et juridictions repartie entre huit facteurs : Contraintes aux pouvoirs du gouvernement, Absence de corruption, Gouvernement ouvert, Droits fondamentaux, Ordre et sécurité, Application des règlements, Justice civile et Justice criminelle. Le score total du Maroc a baissé de moins de 1% dans l'Indice de cette année. A la 79e place sur 128 pays et juridictions à travers le monde, perdant ainsi trois places au classement mondial. 4e sur 8 pays dans la région MENA, le pays est 8e sur 30 parmi les pays à revenu moyen faible. Trois pays scandinaves (le Danemark, la Norvège et la Finlande) se retrouvent au sommet du classement de l'Indice sur l'Etat de Droit du WJP en 2020. Le Venezuela, le Cambodge et la République Démocratique du Congo ont obtenu les scores les plus faibles. L'organisation explique qu'il s'agit de la même queue de peloton qu'en 2019. Des baisses en continu, les Emirats bon élève Pour la troisième année consécutive, plus de pays ont reculé au lieu de s'améliorer en termes de leur performance sur l'Etat de droit. « La plupart des pays ayant enregistré un recul en termes d'Etat de droit dans l'Indice 2020 avaient aussi enregistré un recul l'année précédente », souligne le WJP, indiquant une tendance à la baisse persistante. Cela s'est illustré particulièrement sur le facteur mesurant les Contraintes aux pouvoirs du gouvernement. Ces baisses sont généralisées, et se reflètent aux quatre coins du monde. « Dans chaque région, une majorité de pays a enregistré un recul ou aucun changement dans leur performance globale en termes d'Etat de droit depuis l'Indice sur l'Etat de Droit du WJP 2019 », ajoute la même source. Dans la région MENA, le pays le plus performant est l'Etat des Emirats Arabes Unis (30e sur 128 pays), suivi de la Jordanie et de la Tunisie. Les trois pays avec les scores les plus bas pour la région sont le Liban, l'Iran et l'Egypte (125e parmi 128 pays). Les pays ayant enregistré la plus grande marge de progression en termes d'Etat de droit sont l'Ethiopie (progression de 5.6% en termes de score, induit principalement par des gains en termes de Contraintes aux pouvoirs du gouvernement et Droits fondamentaux), et la Malaisie (5.1%, induit principalement par des gains en termes de Contraintes aux pouvoirs du gouvernement, Droits fondamentaux et Application des règlements). Une condition de paix La tendance la plus négative en termes d'Etat de droit a été recensée au Cameroun (-4.4%, induit principalement par des scores à la baisse en termes d'Ordre, de Sécurité et de Droits fondamentaux), et en Iran (-4.2%, induit principalement par des scores à la baisse en termes de Justice criminelle). Au cours des cinq dernières années, les pays ayant enregistré les plus forts pourcentages de baisse annuels ont été l'Egypte (-4.6%), le Venezuela, (-3.9%), le Cambodge (-3.0%), les Philippines (-2.5%), le Cameroun (-2.4%), la Hongrie (-2.1%) et la Bosnie et Herzégovine (-2.1%). La baisse la plus significative au cours des cinq dernières années a été celle de l'Egypte et de la Pologne en termes de Contraintes aux pouvoirs du gouvernement, avec en moyenne une baisse annuelle de -8.5% et -6.8%, respectivement. « L'Etat de droit n'est pas qu'une question de juges et d'avocats», selon William H. Neukom, Fondateur et PDG du WJP, qui souligne que « c'est la pierre angulaire de communautés de paix, d'équité et d'opportunité. Nous sommes tous partis prenants de l'Etat de droit et par conséquent nous avons tous un rôle à jouer dans sa préservation ».