Quatorze millions d'électeurs ont été appelés aux urnes ce samedi 8 février dans la capitale indienne New Delhi pour les élections municipales. Ce scrutin sous haute tension a valeur de test pour le pouvoir nationaliste de Narendra Modi. Le choix des électeurs New-Delhiens sera donc suivi dans tout le pays au regard du climat politique en Inde depuis plusieurs mois. La campagne a d'ailleurs été agressive. Il faut dire qu'à New Delhi, le BJP, le parti de droite nationaliste du Premier ministre Narendra Modi, est confronté à un dur à cuire en la personne d'un ex-inspecteur des impôts, Arvind Kejriwal (51 ans) en l'occurrence qui dirige New Delhi depuis cinq ans. Il ne tend à aucun des deux partis dominants en Inde, le BJP (Modi) ou le Parti du Congrès (famille Gandhi). Il a construit son parcours politique atypique pour le moins grâce à un programme centré sur l'amélioration de la vie quotidienne des petites gens (électricité, eau courante, transports en commun…), Arvind Kejriwal bénéficie d'un large soutien parmi les membres des classes populaires qui voient en lui l'un d'entre eux. Brandissant un balai comme emblème, l'AAP promettait de « faire le ménage » dans le monde politique. L'homme qui se présente comme un militant anti-corruption a fait campagne exclusivement sur des problématiques concrètes et locales : l'amélioration des réseaux d'eau et d'électricité, la construction de nouvelles écoles, l'accès aux transports en commun se gardant de prendre position sur la controversée nouvelle loi de la citoyenneté qui discrimine les Musulmans. Il s'est bien gardé de prendre position dans la controverse nationale qui agite le pays autour de la nouvelle loi sur la citoyenneté, discriminatoire envers les musulmans. Il Du coup, il est très populaire dans la capitale. Et c'est une épine dans le pied d'un gouvernement national qui veut tout contrôler. Quant à son rival gouvernemental il a axé sa campagne sur un seul créneau : le nationalisme religieux et l'insécurité. Elle a été conduite par l'homme de confiance de Modi, le ministre de l'intérieur Amit Shah en personne. Bref, le BJP accuse la minorité musulmane, qui est essentiellement concentrée dans les quartiers sud de la ville, d'être la source de tous les maux et accuse Kejriwal, le maire actuel, d'avoir des liens avec le Pakistan musulman. Le BJP l'accuse de « nourrir les terroristes « , une stratégie afin de créer un maximum de tension, et de résumer le vote à une question religieuse. C'est une arme à double tranchant car en choisissant cette méthode de dramatisation, le pouvoir créé les conditions qui font de ce scrutin désormais un enjeu national. Si le BJP l'emporte, ce sera donner un chèque à blanc à sa loi controversée sur la nationalité et ouvrir la porte à toutes les dérives nationalistes. D'un autre côté ce sera un coup d'arrêt symbolique au BJP, donnant ainsi l'espoir pour l'opposition indienne, que le parti de Modi n'est pas imbattable.