Le torchon brûle entre l'Algérie et la Turquie, deux pays qui semblaient afficher une vision commune contre la présence du Maroc à la conférence internationale dédiée à la Libye. Après la lune de miel entre Recep Tayyip Erdogan et Abdelmadjid Tebboune aux dépens de la Libye qui s'est concrétisée par une visite officielle du président turc à Alger et le projet de porter à 5 milliards de dollars les échanges commerciaux, les relations entre les deux pays semblent se compliquer. Et pour cause, à peine Recep Tayyip Erdogan a-t-il quitté le sol algérien, ses déclarations sur le passé colonial subi par l'Algérie ont provoqué de vives réactions, poussant le ministère algérien des Affaires Etrangères à réagir dans un communiqué pour exprimer son « étonnement ». En effet, dans un discours prononcé devant des militants de son parti, AKP, à Ankara, le chef d'Etat turc a affirmé que le président algérien Abdelmadjid Tebboune lui a dit que la colonisation française en Algérie avait fait 5 millions de victimes et qu'il avait demandé au président algérien de lui remettre les documents relatifs à ces crimes. Réaction outrée à Alger qui s'est dit « étonnée » des déclarations de Recep Tayipp Erdogan « dans lesquelles il a été prêté au président de la République Abdelmadjid Tebboune des propos sortis de leur contexte, portant sur une question historique concernant l'Algérie », indique un communiqué du ministère algérien des Affaires Etrangères. « Les questions mémorielles complexes ont une sacralité et une sensibilité particulières pour le peuple algérien. De tels propos ne servent pas les efforts que fournissent l'Algérie et la France pour régler les questions mémorielles », ajoute la même source. Le président turc a vraisemblablement touché un point hautement sensible pour l'Algérie qui ne souhaite pas tomber dans la disgrâce de la France qui a critiqué l'ingérence de la Turquie en Libye. Un véritable coup de poignard dans le dos pour le président Abdelmadjid Tebboune qui l'a accueilli en Algérie.