Il y'a du rebondissement dans l'acquisition de la Banque Internationale du Cameroun pour l'Epargne et le crédit (BICEC) par le Groupe Banque Centrale Populaire (BCP). Un avocat camerounais, Me Michel Voukeng, a porté plainte auprès du Tribunal de Paris pour contester l'acquisition de la BICEC par la BCP, suite à la cession des parts du Groupe français, Banque Populaire Caisse d'Epargne (BPCE) dans l'entité. Dans le cadre de son plan de développement de ses activités dans le monde, et plus particulièrement sur le continent africain, la BCP avait procédé à des négociations, en 2018, pour l'acquisition de 68,5 % des parts de la BPCE dans la BICEC, faisant de l'opérateur national, l'actionnaire majoritaire dans le capital de la banque camerounaise. Cela a d'ailleurs été concrétisé en octobre dernier, quand un accord a été conclu entre les représentants des 3 entités à Bonanjo au Cameroun, notamment Kamal Mokdad, directeur général de la BCP et de l'International, ainsi que Jean-Baptiste Bokam et Rochdi Sanhaji en tant que président du conseil d'administration et nouveau directeur général de la BICEC. Tout le monde se voulait ainsi gagnant dans ce deal, qui permettrait, d'un côté, à la BICEC de consolider son activité en profitant de l'expertise du Groupe marocain, et à la BCP d'étendre sa présence sur le continent africain, où elle est déjà présente dans 15 pays. Toutefois, même si le deal semble avancer calmement, voilà que le management de la BICEC annonce aux actionnaires que la clôture de la souscription à l'avis d'émission d'actions nouvelles, initialement prévu pour le 19 janvier, sera finalement reportée au 31 mars 2020. Si cette annonce semble normale à priori, il est à noter que celle-ci intervient à un moment où un avocat camerounais, Me Michel Voukeng, a porté plainte au Tribunal de Paris, via son représentant en France, Me Bomo Ntimbane, pour « inviter » les actionnaires à ne pas souscrire à ladite offre. Pourquoi ? Ntimbane explique, au nom de son client, que l'opération s'est fait « en violation de la réglementation et qu'elle est toujours devant les tribunaux ». «Nous informons le public ou toute personne qui serait intéressée par l'opération de souscription d'actions nouvelles de la BICEC en cours [...] qu'une procédure en annulation de la cession de participations [68,5 %] du groupe français BPCE dans le capital de la Bicec qui a eu lieu en violation de la réglementation au profit du groupe marocain BCP, est toujours pendante devant le tribunal de commerce de Paris », a-t-il fait savoir. Une affaire qui traîne depuis 2018 Si cet appel semble bizarre, il fait suite à de nombreuses plaintes déposées par deux avocats camerounais, à savoir Voukeng et Guy-Alain Tougoua, qui ont contesté la décision de la BPCE de rentrer en négociations exclusives avec la BCP depuis septembre 2018. Voukeng, qui selon Me Ntimbane, détient 50 % d'offres d'achats d'actions ou participations de la BPCE dans le capital de la BICEC, a intenté plusieurs actions en justice auprès du Tribunal de première instance de Bonanjo, depuis octobre 2018, mais qui restent toujours pendantes. De plus, le duo d'avocats a même lancé plusieurs appels à la Commission nationale de la concurrence camerounaise, depuis le 12 octobre de la même année, et qui restent toujours en attente. La nouvelle plainte de Voukeng viserait ainsi à éviter tout préjudice aux futurs souscripteurs aux actions de la BICEC, malgré le fait que l'acquisition du Groupe camerounais a été validée par les représentants officiels des 3 entités. En effet, selon les médias locaux, celui-ci aurait indiqué que l'offre de souscription exclurait la partie camerounaise du capital de la BICEC, en privilégiant la partie marocaine. Afin d'avoir plus d'éclairages sur cette affaire, Hespress FR a tenté de joindre Me Bomo Ntimbane, mais sans avoir de retour. Cela dit, le deal semble toujours tenir entre les parties prenantes, et tout semble être maintenu suivant le plan initial, malgré la nouvelle date de l'offre de souscription, dont la clôture est prévue en mars prochain.