La nouvelle a frappé le fans de Basket et plus encore, ce dimanche. Kobe Bryant est mort dans un accident d'hélicoptère en compagnie de sa fille Gianna et de 7 autres personnes. Le Black Mamba a marqué toute une génération de fans et de joueurs. Lui qui espérait devenir comme Mickael Jordan, a poussé les jeunes à vouloir devenir comme Kobe. Depuis dimanche, le monde du sport est sous le choc. Des millions de fans ont grandi avec les exploits Kobe Bryant, la légende des Los Angeles Lakers. Pour cette génération, Kobe, c'était le digne hériter de Michael Jordan. Bryant était une star dès son arrivée en NBA, à sa sortie du lycée, un pur showman, arrogant, sûr de lui, incroyablement déterminé. Un palmarès hallucinant Quintuple champion NBA, meilleur joueur de la saison régulière 2008, un des sept joueurs à avoir inscrit plus de 30.000 points durant sa carrière, c'est incontestablement en vainqueur qu'il avait pris sa retraite, un soir d'avril 2016, en marquant pour ses adieux 60 points au terme d'un match ébouriffant. Quelques mois plus tôt, au moment d'annoncer la fin de sa carrière, le 4e meilleur marqueur de l'histoire de la NBA – il a été dépassé samedi soir par LeBron James – avait assuré «être prêt à laisser filer le basket». Son parcours a fait l'objet d'un dessin animé, «Dear Basketball», qu'il a co-réalisé avec Glen Keane, qui a reçu l'Oscar du meilleur court-métrage d'animation en 2018. Autant qu'une mégastar du sport mondial, c'est une énigme qui s'en est allée dimanche à Calabasas, près de Los Angeles. Une enfance en Europe Enfant, il se croyait «la honte de sa famille». Comme beaucoup de «fils de», il a souffert de la comparaison avec son père, Joe Bryant, qui lui a donné ce prénom insolite, en le choisissant, selon la légende, sur le menu d'un restaurant japonais, et qui a joué huit saisons en NBA entre 1975 et 1983, avant de gagner sa vie dans le Championnat italien. De ses huit années en Italie, Bryant junior a gardé un amour immodéré pour le football, une solide maîtrise de l'italien, ainsi que des bases techniques et des fondamentaux tactiques, rares chez les joueurs américains, qui le mèneront au plus haut. Mais à son retour aux Etats-Unis, en 1992, l'adolescent filiforme, affublé du maillot de son idole Magic Johnson, peine à jouer même quelques minutes par match dans l'équipe du lycée de Lower Merion, à Philadelphie. Déjà une star au lycée Après quatre années de travail acharné, il est la star de son lycée. Plutôt que de rejoindre l'une des prestigieuses universités qui le courtisent, il saute directement le pas de la NBA: à la Draft 1996, il est choisi en 13e position à 17 ans par Charlotte qui, pour son plus grand malheur, le cède aussitôt aux Lakers. La NBA et la planète basket sont en pleine «Jordan-mania»: la star des Chicago Bulls a depuis quelques années remplacé Magic Johnson dans le Panthéon personnel de Bryant. Il décortique ses matches, adopte ses mimiques et s'inspire de son jeu aérien et physique. «Son obsession pour Michael était manifeste», a reconnu Phil Jackson, l'entraîneur qui a remporté six titres NBA avec Jordan à Chicago, puis cinq avec Bryant à la tête des Lakers. Le modèle Mickael Jordan Pendant que Jordan vit les dernières années de son règne, Bryant commence à se faire un nom et se présente, par son style spectaculaire, son aplomb, voire son insolence, comme son successeur naturel. Jackson a organisé en 1999 une rencontre entre les deux joueurs en espérant que Bryant, feu follet parfois incontrôlable, s'inspire de la sagesse et de l'altruisme de Jordan, désormais retraité. «La première chose qu'il lui a dite, c'est ''Si on fait un un-contre-un, je te botte les fesses''», a rappelé, encore interdit, Jackson dans son autobiographie. L'ère Kobe Bryant est sur le point de commencer: associé à Shaquille O'Neal, il domine la NBA pendant trois saisons consécutives, de 2000 à 2002. Bryant est un bourreau de travail sans équivalent: longues séances de shoots, jusque tard le soir, après les entraînements officiels, analyse des écrits d'entraîneurs américains et européens, et séances de préparation physique à rallonge. On le dit monomaniaque, ce qui lui vaut de se brouiller avec certains coéquipiers dont O'Neal qui préfère partir en 2004 à Miami. Accusé de viol en 2003 En 2003, celui qui est surnommé «le Black Mamba» en raison de son sang-froid, vit la période la plus sombre de sa carrière, qui écornera son image à jamais: il est accusé de viol par une employée d'un luxueux complexe hôtelier d'Edwards (Colorado) où il séjournait, en convalescence, après une arthroscopie d'un genou. Devant la justice, il reconnaît avoir eu une relation sexuelle avec la jeune femme de 19 ans qui était, selon lui, consentante. Le procès est finalement annulé après le refus de témoigner de sa victime, avec qui il a trouvé un accord loin des tribunaux. Un homme de records Devenu le joueur de basket le plus connu et le mieux payé de la planète, Bryant écrit sa légende avec ses 81 points marqués en 2006 contre Toronto, ses cinq titres NBA, ses deux sacres olympiques (2008 et 2012), ses 18 participations au All Star Game, plus de 33.000 points marqués et une flopée de record. Mais sa fin de règne est douloureuse, avec des blessures graves à répétition, des Lakers en pleine déroute et des statistiques personnelles en berne. Jusqu'au 29 novembre 2015 où dans un poème adressé à son «cher basket», il reconnaît que «(son) corps sait que l'heure de dire au revoir est arrivée». Quatre ans plus tard, le cœur de millions de fans a trouvé une nouvelle raison d'affirmer le contraire.