Face à l'urgence de la menace djihadiste au Sahel les présidents des pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mauritanie, Mali, Niger, Tchad) se réunissent ce lundi 13 janvier à Pau en France (au château de Pau (Pyrénées-Atlantiques) à la demande d'Emmanuel Macron. En plus de discuter de la lutte contre les milices qui sèment la terreur, Paris et ses alliés définiront ou non, le bien-fondé de l'opération Barkhane lors de cette réunion où sont conviés également le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres et la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen. Ce sommet sur la situation sécuritaire au Sahel intervient, signe de précarité , après que le Niger ait, une fois de plus, subi une attaque contre un camp militaire, jeudi, à Chinagodrar et où le bilan macabre a été fortement revu à la hausse passant de 23 soldats tués à 89. C'est la plus lourde perte enregistrée par le Niger depuis en 2015. Initialement prévue le 16 décembre, ce sommet à huis clos avait été annulé après une attaque, revendiquée par l'Etat islamique, contre la base militaire d'Inates au Niger qui avait causé la mort de 71 soldats nigériens. C'est dans la zone dite des « trois frontières » entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso (la Mauritanie et le Tchad sont pour l'heure épargnés) que se sont concentrées des attaques sans précédent des groupes djihadistes ces derniers mois. Ce regain de tensions fait suite aux opérations de décrochage dites sécuritaires des forces armées des trois pays en question qui de leur retrait stratégique ont laissé un vide que les djihadistes dans leurs velléités exploitent à tous vents. Cette réunion intervient dans un contexte donc de recrudescence des attaques djihadistes mais également alors que le sentiment anti-français se fait de plus en plus ressentir dans la région. Les attentes françaises restent les mêmes depuis que le président avait convoqué ce sommet en décembre à savoir « clarifier les attentes de nos partenaires afin d'aboutir ou non à une convergence des objectifs et légitimer ou non la présence militaire française dans cette région du monde ». Le sommet de Pau visera donc, face à une défiance grandissante des opinions publiques de la région et plus particulièrement au Mali à « élaborer une déclaration commune », endossée à la fois par les pays du G5 Sahel et par la France. Une déclaration à même de permettre à Barkhane (4.500 soldats) et aux 13.000 casques bleus de la Minusma au Mali de continuer ou non leur mission de lutte contre les djihadistes ou de maintien de paix dans ces régions. Le bilan des pertes annuelles dans les trois pays les plus exposés prête à préoccupation. Selon l'ONU en 2019 en neuf mois (janvier à novembre) ce sont plus de 1 500 civils qui ont été tués et plus d'un million de personnes qui ont été déplacées au Sahel.