Le Conseil de la Ligue arabe a entamé aujourd'hui, sur proposition de l'Egypte, une réunion urgente au niveau des délégués « afin d'examiner l'évolution de la situation en Libye et les risques d'escalade qui pourraient menacer la stabilité de la Libye et de la région ». La réunion, à laquelle participe l'ambassadeur du Royaume au Caire et représentant permanent du Royaume auprès de la Ligue arabe, Ahmed Tazi, a débuté par une séance à huis clos. Cette réunion intervient après que le président turc Recep Tayyip Erdogan ait annoncé que son pays enverrait des troupes en Libye le mois prochain. Les présidents français Emmanuel Macron et Egyptiens Abdel Fattah al-Sissi suite à un entretien par téléphone ont appelé « à la plus grande retenue », a annoncé hier la présidence française. Mais officiellement cette réunion a été convoquée à la demande du gouvernement libyen reconnu par l'ONU. La Libye, un pays déchiré par une guerre fratricide est scindé en deux forces qui toutes deux revendiquent le pouvoir. D'un côté, à l'Ouest, le Gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par l'ONU et basé à Tripoli, la capitale du pays et de l'autre à l'Est, le gouvernement basé à Tobrouk, dans le nord-est, qui est soutenu par l'Armée nationale libyenne (ANL) autoproclamée que commande le maréchal Khalifa Haftar et qui contrôle le Parlement exilé à Tobrouk. L'ANL prête au GNA de Fayez Al-Sarraj, d'être sous séquestre et tutelle de « milices islamistes ». Le maréchal Khalifa Haftar ne manque pas d'alliés, il est principalement soutenu par les Emirats arabes unis, l'Egypte, la Russie voire la France tandis que le premier, le GNA que conduit Fayez Al-Sarraj, est soutenu par le Qatar, l'Italie et la Turquie dont le président turc Recep Tayyip Erdogan a récemment dit vouloir s'y investir militairement en hommes et armes. Le GNA a été créé à l'issue de l'accord de Skhirat au Maroc en décembre 2015 sous les auspices des Nations unies, qui visaient à mettre fin à la guerre civile libyenne post-Kadhafi. Mais les deux partis n'ont jamais réussi à s'accorder d'où la scission conséquente. Depuis avril dernier, l'ANL assiège régulièrement la capitale Tripoli afin de s'en emparer et renverser le GNA. Ce dernier mis en difficulté a lancé dernièrement un appel à l'aide aux pays amis. Appel entendu par la seule Turquie jusqu'à présent. Par ailleurs des informations circulent quant à une éventuelle présence de mercenaires syriens qui auraient atterri à l'aéroport de Mitiga sur le sol libyen à Tripoli en provenance de la Turquie pour combattre les troupes de Haftar. Selon RFI, quatre appareils de la compagnie aérienne libyenne Afriqiyah Airways et la compagnie al-Ajniha (propriété d'un jihadiste résidant en Turquie), ont transporté le week-end dernier, des combattants de la Turquie vers Tripoli pour prêter main-forte aux milices du GNA. Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) à affirmer à RFI qu'au moins 500 combattants syriens sont déjà en Libye et que mille autres allaient les rejoindre à Tripoli, envoyés en cela par Ankara.