Les ménages marocains peinent toujours à joindre les deux bouts. Pourquoi ? La réponse trouve source dans l'incapacité de ceux-ci à financer leurs investissements, dans un contexte où les prix ont augmenté, alors que le pouvoir d'achat a stagné. Le Produit Intérieur Brut (PIB) du royaume s'est chiffré à 1106,8 milliards de dirhams à fin 2018, soit une progression de 4,1 % par rapport à la même période de l'année 2017. Selon les données du Haut-Commissariat au Plan (HCP) concernant les comptes nationaux des secteurs institutionnels pour ladite période, le pouvoir d'achat s'est amélioré de 0,4 % (contre 2,1 % en 2017), sachant que les ménages et les institutions à but non lucratif au service des ménages (ISBLSM) ont contribué à la création de 29,5 % de la richesse du pays. Les ménages et les ISBLSM ont contribué à la création de 27,7 % de l'épargne nationale et de 25,2 % de l'investissement. Dans ce sens, il est à noter que ces deux acteurs se sont accaparé une part de 62,5 % du revenu national brut à fin 2018. Les ménages toujours dans l'incapacité d'épargner Le revenu disponible brut (RDB) des ménages à progresser de 3,2 % à fin décembre dernier, se chiffrant à 714,2 MMDH. Dans les détails, la rémunération des salariés y a contribué à hauteur de 47,5 %, 42,5 % pour le revenu mixte, alors que les revenus de la propriété nets, les prestations sociales et autres transferts nets y ont représenté une part de 25,8 %. Par ailleurs, les données du HCP indiquent que les impôts sur le revenu et le patrimoine et les cotisations sociales ont contribué négativement de 15,8 % au RDB. Toutefois, la capacité des ménages à épargner, durant ladite période, s'est une fois de plus creusée de 1 point, se situation à 11,4 % à fin 2018. Cette situation s'explique par des dépenses de consommation finale bien plus importantes que le revenu disponible brut (4,3 % contre 3,2 %). Dans ce contexte, le revenu brut disponible par habitant est passé de 19,852 DH en 2017 à 20,279 DH en 2018. En termes d'évolution, celui-ci s'est maintenu à un niveau positif dans l'ensemble, se haussant à 2,2 % à fin décembre dernier, contre 2,8 % en 2017, alors qu'il était de 1,1 % en 2016. Opérations 2016 2017 2018 Revenu brut disponible (en millions de DH) 665.637 694.889 714,226 Revenu mixte (en %) 41,3 42,2 42,5 Rémunération des salariés (en %) 48,2 47,4 47,5 Revenus de la propriété nets (en %) 3,6 3,6 3,5 Impôts sur le revenu (en %) -4,1 -4,0 -4,0 Cotisations sociales (en %) -12,0 -11,9 -11,8 Prestations sociales (en %) 11,9 11,4 11,4 Autres transferts nets (en %) 11,0 11,2 10,9 Dépense de consommation finale (en millions de DH) 586.461 609.882 636.065 Epargne brute (en millions de DH) 82.474 85.264 81.206 Taux d'épargne 12,4 12,3 11,4 Revenu brut disponible par tête (en DH) 19.301 19.852 20.279 Revenu brut disponible par tête (évolution) 1,1 2,8 2,2 Indice des prix à la consommation (évolution) 1,6 0,8 1,8 Pouvoir d'achat des ménages (évolution) -0,5 2,1 0,4 À la lumière de ces données, il en ressort que la capacité de financement des ménages et des ISBLSM s'est détérioré de 4,6 MMDH, notant que ceux-ci ont impacté négativement l'épargne nationale (305,4 MMDH à fin 2018) à hauteur de 27,7 %. Cette situation fait que, afin de subvenir à leurs besoins de financement, les ménages ont recours au crédit auprès des organismes financiers, notamment les banques. Ainsi, l'endettement des ménages auprès des institutions financières s'est chiffré à 23,7 MMDH à fin décembre dernier, contre 17,5 MMDH une année auparavant. Le HCP indique dans ce sens que « le flux net des dépôts a connu ainsi une baisse remarquable, passant de 50,6 MMDH en 2017 à de 33,9 MMDH en 2018 ».