Addiction sous toutes ses formes, prévention, traitements…étaient au centre des travaux de la première conférence internationale sur les Addictions et Pathologies Associées, organisée par l'association de médecine addictive et pathologies associées (MAPA), en collaboration avec plusieurs partenaires et en présence de professionnels du monde médical, paramédical et autres acteurs de la santé des addictions au Maroc. Pour une action civique commune, les différents interlocuteurs présents, dont la présidente de MAPA Dr. Imane Kendili, et le Professeur de médecine préventive et nutrition et maladie métabolique, Jaâfar Haikal, ont mis l'accent sur les différentes formes d'addiction, qui ne concerne pas uniquement la cigarette, les drogues ou l'alcool, mais aussi celles liées notamment aux réseaux sociaux ou encore à des actes précis. Déclinant les objectifs et les champs d'action de l'Association, Dr. Imane Kendili a expliqué: « On fait des partenariats avec les ministères, notamment le ministère de la santé, et on choisit un dispensaire étatique, par exemple où on participe dans un premier temps à rénover le dispensaire, mais aussi on aide dans le traitement et les soins des patients. On demande aux médecins du secteur privé en principe, de venir gratuitement et de donner 2 à 3 heures de leur temps par semaine pour apporter leur aide aux patients en besoin, ce qu'ils acceptent avec joie« . MAPA essaie également de mettre à la disposition des patients, à titre gracieux, les médicaments nécessaires, mais en accord avec les responsables du ministère de la santé. « A Casablanca par exemple, on a commencé le 5 décembre par le centre Fajr de Hay Hassani. Il y a eu 30 consultations psychiatriques et bien sûr il y a les thérapies de groupe qu'on va bientôt initier au niveau de l'addictologie, l'art thérapie notamment et d'autres formes de thérapies comme la psychoéducation, et toute thérapie sera menée par son spécialiste« , indique l'un des médecins membre de la MAPA soulignant que » toute une équipe est prête à donner de son temps au dispensaire d'addictologie« . Addiction comportementale Toutefois, les membres de la MAPA ont indiqué qu'il y a énormément à faire pour lutter contre l'addictologie au Royaume. Pour traiter et prévenir ce phénomène, devenu national, chacun apporte son aide, mais « l'Etat a également son rôle à jouer« . « Le Roi a donné son aval pour la création de centres d'addictologie au Maroc ce qui est une bonne chose, parce que l'importance de cette décision royale se base sur le fait que l'addiction est devenue un problème de santé nationale. L'Etat l'a admis et l'a senti aussi. Les soins et la prévention aussi sont essentiels, nous essayons donc d'aller dans cette optique, en contribuant de notre côté en tant que médecin et apporter notre aide pour soigner ses gens« , avance Dr. Imane Kendili. Les médecins et spécialistes présents ont également indiqué que le Maroc a beaucoup évolué dans ce sens, en comparant le nombre de centre d'addictologie disponibles dans des pays voisins comme la Tunisie, qui se limite à 4 ou 5 centres ou encore l'Algérie où l'on compte également pas plus de 3 ou 4 centres, alors qu'au Maroc le nombre de centres s'élève à 16 ouverts notamment à Casablanca, Marrakech et Tanger, outre d'autres structures en cours d'ouverture. De même, les spécialistes d'addictologie ont fait savoir que les soins contre toute formes d'addictologie ne se trouvent pas uniquement dans les centres spécialisés dans ce sens, mais également aux côtés des familles des patients et de leur entourage. Dans un autre contexte, Dr. Imane Kendili a rappelé qu' »avant, la toxicomanie était l'addiction à la drogue, l'alcool, etc. Mais cette idée de l'addiction, médicalement, s'est développée surtout ces 10 dernières années. Aujourd'hui, l'addiction ne concerne plus une matière chimique, une drogue, ou une addiction à un médicament mais plutôt une addiction à des comportements, tel les jeux d'argent, le sexe… ». Prévention Pour ce qui est des mesures à prendre, Imane Kendili soutient que « MAPA n'a pas la capacité de résoudre tous ces problèmes à elle seule. Les drogues par exemple concernent l'Etat, notamment le ministère de l'éducation nationale qui doit participer dans la prévention, le ministère de l'économie, le ministère des affaires islamiques, le ministère de la jeunesse et des sports, et surtout le ministère de la justice parce qu'il s'agit de produits dangereux« . « Il doit y avoir un type de prévention où tous ces ministères participent, parce qu'ils sont d'une manière ou d'une autre concernés. Parce que ce problème concerne la société toute entière, pas uniquement les médecins spécialistes mais tout le monde« , souligne-t-elle. Et de faire valoir que les enseignants, les familles, les parents, doivent aussi être sensibilisés. « Tous ces acteurs peuvent nous aider pour sensibiliser sur ce phénomène que ce soit à la maison, à l'école, dans les mosquées et autres », dit-elle. Car, avertit Dr Kandili, en l'absence de prévention, le problème une ampleur telle ques nous serons tous dépassés« .