À l'occasion du soixante-dixième anniversaire de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), les chefs des Etats membres de l'alliance militaire se retrouvent les 3 et 4 décembre à Watford, près de Londres, pour déminer le terrain, sur fond d'offensive turque en Syrie, de brouille entre le président Emanuel Macron et Recep Tayyip Erdogan, et en présence d'un Donald Trump bien récalcitrant. Les craintes de la Pologne par rapport aux tentatives de rapprochement entre la France et la Russie ne sont pas à occulter non plus. Des désaccords entre alliés, qui risquent de peser lourdement sur le sommet, mercredi, lors du Conseil de l'Atlantique Nord au Royaume-Uni. Et il n'y a pas que. La donne géopolitique, qui faisait la raison d'être de l'OTAN a depuis longtemps changé avec la disparition des deux blocs (Est-Ouest). On est loin du pacte de Varsovie et de ses 12 fondateurs. Aujourd'hui, ils ont 29 membres (27 européens plus le Canada et les Etats-Unis), le mur est tombé et l'URSS a éclaté en morceau pour devenir tout simplement la Russie. Dès lors, on s'habille désormais d'incertitudes quant au contexte international tumultueux que connait la planète. L'urgence est plutôt dans la conception d'une nouvelle stratégie de l'OTAN. Pourtant dans cette morosité, il est une satisfaction comme le souligne le secrétaire général Jens Stoltenberg, « Européens et Canadiens ont augmenté pour la cinquième année d'affilée leurs dépenses de défense » et d'ici la fin de l'année prochaine ils en seront à 130 milliards de dollars de plus, depuis 2016, pour atteindre les 400 milliards de dollars à l'horizon 2024 dans une parfaite harmonie avec la tenue de route que l'OTAN souhaite, du moins financièrement. Cependant, les membres de l'OTAN auront à dissiper en premier lieu les tensions effectives. D'ailleurs, la journée de mardi sera consacrée à cela. Au « 10 Downing Street » aura lieu une rencontre entre le Premier ministre britannique, Boris Johnson, la chancelière allemande Angela Merkel, les présidents turc et français, Recep Tayyip Erdogan et Emmanuel Macron, histoire de faire sortir l'OTAN de sa fameuse « mort cérébrale », qui a fait tant jaser. En outre cette journée sera consacrée à une série d'entretiens bilatéraux et de réceptions. La reine Elizabeth II recevra les participants au Buckingham Palace, tandis que Boris Johnson invitera, quant à lui, au Downing Street. Sinon les choses sérieuses de ce sommet/anniversaire auront lieu demain mercredi, avec trois heures de discussions et de débats, qui s'annoncent pour le moins houleux.