Opération pionnière dans la région MENA conduite par l'ONG Fonds mondial pour la nature (plus connue sous le sigle WWF), le Fonds de l'eau du Sebou est appelé à assurer du financement durable, basé sur le paiement pour les services écosystémiques. Dans ce bassin hydraulique sérieusement exposé à un risque de stress hydrique, la conservation des ressources en eau, la restauration de la biodiversité et la préservation des activités socio-économiques et culturelles, relèvent bien des enjeux. Zoom. Commune rurale de Dayet Aoua (province d'Ifrane), ce mardi 12 novembre. La cérémonie du lancement officiel du Fond de l'Eau du Sebou a tenu toutes ses promesses. Place désormais à l'action. CR Photos: Idriss Assamidi – Mohamed Alouane L'événement, célébré au rythme rituel de l'Ahidouss du Moyen-Atlas, n'est que le point d'orgue d'un processus tripartite où, autorités publiques, ONGs et Organisations locales de la société civile (OCS) ont joint leurs efforts pour accoucher d'un partenariat voué à faire des émules. CR Photos: Idriss Assamidi – Mohamed Alouane Pas moins de six conventions entre le Fonds de l'Eau du Sebou et les OCS bénéficiaires des premières subventions, ont été signées. Passage à l'acte Coté partenaires publics, on retrouve le Département de l'eau, relevant du ministère de l'Equipement, du Transport, de la Logistique et de l'Eau, l'Agence du bassin hydraulique de Sebou (ABHS), le Département des Eaux et Forêts (DEF), le Parc national d'Ifrane, la Province d'Ifrane, et la Direction Provinciale de l'Agriculture. Coté ONGs, des représentants de la Fondation MAVA, WWF international, Wetlands International, l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et la Tour du Valat, étaient au rendez-vous. CR Photos: Idriss Assamidi – Mohamed Alouane Et parmi les 17 propositions soumises lors de ce premier appel à projets, 6 OCS ont été sélectionnées par le Comité du Fonds de l'Eau du Sebou. De la commune hôte de Dayet Aoua (deux OCS), d'Amghas et de Sid El Makhfi à 90 kilométres plus au sud, ou encore de Timahdit et d'Aïn Leuh, ils ont tous co-signé des conventions exclusivement liées à la gestion conservatoire des eaux et des sols, à l'agriculture durable et la protection et la restauration des écosystèmes naturels. CR Photos: Idriss Assamidi – Mohamed Alouane En somme, que des contributions qui visent à sécuriser l'approvisionnement en eau dans un bassin hydraulique (celui du Sebou), dont les apports en eau s'élèvent à plus de 5.6 Milliards de m3/an, de même qu'il fournit 30% des ressources en eaux de surface et 20% des ressources en eaux souterraines du pays entier. CR Photos: Idriss Assamidi – Mohamed Alouane Le bassin du Sebou: un terreau inestimable Alors que son bassin s'étend sur une superficie de 40 000 km2 (4 régions et 17 provinces et préfectures), l'amont du Sebou est constitué de zones humides, mais peuplées. Des zones qui, une fois réunies, sont réputées pour être le « château d'eau du Maroc ». Ce qui est incontestablement vrai, mais loin de constituer un gage de durabilité. CR Photos: Idriss Assamidi – Mohamed Alouane C'est toute la subtilité du Fonds de l'eau en tant qu'outil adaptable aux spécificités de cette région fortement boisée, de moyenne altitude (entre 1200 et 1400m) et qui abrite l'un des plus anciens et célèbres Parcs nationaux du royaume. CR Photos: Idriss Assamidi – Mohamed Alouane La démarche ainsi suivie pour donner vie à ce Fonds de l'eau, s'inspire d'une trentaines d'expériences similaires en Afrique subsaharienne, en Amérique du Sud et en Asie. Elle permet une flexibilité dans l'action et une approche collective, inclusive, alliant efficacité écologique, efficience économique et équité sociale. Des racines et des lacs Le choix du bassin de Sebou n'est pas anodin. Grâce à ses affluents, ses eaux sont essentielles à la vie et aux activités de plus de 6,2 millions de Marocains. Il abrite également une forte économie agricole et industrielle qui contribue de façon importante à l'économie nationale. C'est pour cela que WWF Maroc et ses partenaires ont identifié six lacs prioritaires de ce Moyen-Atlas, dont les sources d'eau et les ressources en eau sont fortement menacées. CR Photos: Idriss Assamidi – Mohamed Alouane La phase pilote du projet place ainsi les lacs Aoua, Hachlaf, Ifrah, Aguelmam Afennourir, Aguelmam Tifounassine et Aguelmam Sidi Ali en tête de ses priorités. Ils font partie d'un circuit touristique bien connu et très fréquenté aussi bien en période hivernale qu'en période estivale. Pour les partenaires publics, comme pour les OCS engagés dans le Fonds de l'eau dans son extension marocaine, tout l'enjeu sera d'atteindre ce juste équilibre entre activité économique génératrice de revenus stables, et préservation d'un patrimoine naturel et culturel très enviable.