Au niveau mondial, un nombre bien trop élevé d'enfants subissent les conséquences d'une mauvaise alimentation et d'un système alimentaire qui ne tient pas compte de leurs besoins, a alerté l'UNICEF dans un nouveau rapport sur les enfants, la nourriture et la nutrition. Intitulé « La situation des enfants dans le monde 2019 – Enfants, nourriture et nutrition », le rapport de l'UNICEF signale qu'au moins un enfant de moins de 5 ans sur trois, soit plus de 200 millions d'enfants, souffrent de dénutrition ou de surpoids. « Près de deux enfants sur trois âgés de 6 mois à 2 ans, ne consomment pas d'aliments capables de soutenir la croissance rapide de leur corps et de leur cerveau » indique le rapport. Une situation qui est « susceptible d'entraver le développement cérébral, de nuire à leur apprentissage et d'affaiblir leur système immunitaire, et augmente les risques d'infections et, dans de nombreux cas, de décès », alerte l'UNICEF dans son rapport. Ainsi, ce rapport livre, en gros, l'évaluation la plus complète à ce jour de la malnutrition infantile sous toutes ses formes au 21e siècle. Il décrit le triple fardeau de la malnutrition, à savoir la dénutrition, la faim insoupçonnée induite par des carences en nutriments essentiels et le surpoids, que subissent les enfants de moins de 5 ans, soulignant qu'à l'échelle mondiale 149 millions d'enfants présentent un retard de croissance ou sont trop petits pour leur âge. Au Maroc, les chiffres et indicateurs sont au rouge. Le rapport de l'UNICEF fait savoir que 15.000 enfants marocains âgés de moins de 5 ans sont morts en 2018 alors qu'en 1990, le nombre de décès était de 79 pour chaque 1.000 enfants et 22 l'an dernier. Le rapport indique pareillement que la dénutrition chez les enfants marocains âgés entre 0 et 4 ans entre 2013 et 2018 a atteint les 15%, soulignant que le poids de 17% des nouveau-nés en 2015 était très faible, tandis que 35% des nouveau-nés se contentent de l'allaitement jusqu'à leur 6e mois. Sur ce point, le rapport de l'UNICEF insiste sur le fait que les mauvaises pratiques en matière d'alimentation commencent dès les premiers jours de vie de l'enfant. Par exemple, bien que l'allaitement sauve des vies, seuls 42 % des bébés de moins de 6 mois sont exclusivement nourris au sein et de plus en plus d'enfants consomment des préparations pour nourrissons. Les ventes de préparations à base de lait ont augmenté de 72 % entre 2008 et 2013 dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure comme le Brésil, la Chine, le Pérou et la Turquie, principalement en raison de pratiques de marketing inappropriées et de la faiblesse des politiques et des programmes visant à protéger, à promouvoir et à soutenir l'allaitement au sein, indique le rapport. Côté maladie, et toujours au niveau du Maroc, le rapport fait savoir que 560 enfants âgées entre 0 et 14 ans portent le virus du Sida, pour atteindre 700 chez les enfants âgés entre 10 et 19 ans. Du côté des mamans et alors que le Maroc mène un combat contre le décès des mamans et nourrissons lors de l'accouchement, le rapport fait savoir que 480 décès de mamans lors de l'accouchement a été enregistré en 2017. Le taux de croissance annuel de la population au Maroc a quant à elle atteint, entre 2000 et 2018, 1.2%, indique le rapport de l'UNICEF, soulignant que ce taux observera une baisse pour atteindre 1.1% entre 2018 et 2030, avec une estimation de 686.000 nouveaux nées l'an dernier. Autres chiffres clefs : 50 millions d'enfants souffrent d'émaciation ou sont trop maigres pour leur taille, 340 millions d'enfants, soit un enfant sur deux, souffrent de carences en vitamines et en nutriments essentiels, tels que la vitamine A et le fer, tandis que 40 millions d'enfants sont en surpoids ou obèses. « Malgré toutes les avancées technologiques, culturelles et sociales des dernières décennies, nous avons perdu de vue l'essentiel : les enfants qui mangent mal vivent mal. Des millions d'enfants ont une mauvaise alimentation pour la simple raison qu'ils n'ont pas d'autre choix. Le regard que nous portons sur la malnutrition et la manière dont nous traitons ce problème doivent évoluer : l'enjeu n'est pas tant de donner aux enfants suffisamment de nourriture, mais de leur donner les bons aliments. Voilà le défi que nous devons tous relever aujourd'hui » indique Henrietta H. Fore, Directrice générale de l'UNICEF. Alors que les enfants commencent à consommer des aliments mous ou solides vers l'âge de 6 mois, beaucoup adoptent un régime alimentaire inapproprié, indique en outre le rapport. Près de 45 % des enfants âgés de 6 mois à 2 ans dans le monde ne consomment pas de fruits ou de légumes. Près de 60 % ne mangent pas d'œufs, de produits laitiers, de poisson ni de viande, souligne le rapport.