Les marocains ne meurent pas de faim. Et quand bien même quelques-uns souffriraient de ce manque, la solidarité humaine légendaire -dont on a célébré la journée internationale hier - est là pour leur venir en aide. En fait, le problème réside plus dans la qualité de cette nourriture que dans sa quantité. Selon la FAO (Organisation mondiale pour l'agriculture et l'alimentaion), 6% de la population marocaine souffre de malnutrition. Etonnant, lorsqu'on sait que le pays ne compte pas moins de 8,7 millions d'hectares de terres arables. Cette année encore, la météo n'envisage rien de bon. La pluie n'est toujours pas au rendez-vous. Or, l'agriculture, secteur dont est fortement tributaire la croissance du pays, est source de toutes les denrées alimentaires. Les premières victimes... La récente flambée de ces denrées au Maroc et dans le monde, se poursuivra donc certainement, augmentant la vulnérabilité de millions de personnes souffrant de malnutrition ou de dénutrition. Souvent, ce sont les aliments de base (riz, huile, produits laitiers) qui sont les plus touchés par cette hausse. Dans son rapport 2009 sur la santé maternelle et néonatale, l'UNICEF a réaffirmé avec véhémence la vulnérabilité des femmes enceintes ou qui allaitent, ainsi que celle des nourrissons. Pour eux, le risque de dénutrition est très élevé. «Les femmes enceintes doivent ingérer près de 285 calories de plus par jour, celles qui allaitent ont besoin de 500 calories supplémentaires. Leurs besoins en micronutriments (vitamines, oligo-élements, etc.) sont plus élevés». Des chiffres qui interpellent Les enquêtes nationales confirment ces données. Ainsi, celle réalisée en 2000 nous révèle qu'au Maroc, la prévalence de l'anémie par carence en fer est de 37,2% chez les femmes enceintes et, environ, un tiers des enfants âgés de 6 mois à 5 ans. Une enquête plus récente (datée de 2008) indique par ailleurs que la carence en acide folique touche environ un tiers des enfants âgés de moins de cinq ans et des femmes en âge de procréer, et que les carences en vitamines A et D touchent respectivement environ un enfant de moins de 5 ans sur quatre et environ un enfant sur dix. Le gouvernement marocain a donc entrepris, depuis 2004, la mise en place d'un programme de grande envergure. Le Programme national de lutte contre la carence en micronutriments envisage de mobiliser, non seulement, les professionnels de santé, mais également les professionnels institutionnels du secteur privé ainsi que la société civile. Ce partenariat ne peut être que nourrissant. Un milliard de personnes sous-alimentées Les banques alimentaires s'acharnent depuis les années 60 du siècle dernier à faire de la soupe populaire un bien nourrissant pour des centaines de milliers de personnes à travers le monde. Pourtant, le cap d'un milliard de personnes souffrant de la faim a été franchi durant l'année 2009: il a atteint presque 1,1 milliard, soit un sixième de la population mondiale. Cette progression est attribuée, selon la FAO, à la crise économique. La majeure partie des personnes sous-alimentées provient de la région Asie-Pacifique (642 millions), suivie de l'Afrique subsaharienne (265 millions), de l'Amérique latine (53 millions) puis d'une région comprenant Proche-Orient et Afrique du Nord (42 millions). Dans les pays développés, 15 millions de personnes souffrent de la faim. Aucun progrès n'a été effectué pour atteindre les objectifs du millénaire, qui représentent une baisse de moitié des personnes sous-alimentées entre 1990 et 2015, à environ 420 millions de personnes.