Le mouvement « hors la loi », initié par les écrivaines Leila Slimani et Sonia Terrab a passé un cap, ce lundi 14 octobre. La tribune, publiée il y'a quelques semaines sur Le Monde, et qui interpelle sur la question des libertés individuelles, de la dépénalisation des relations sexuelles hors mariage, suite à l'affaire Hajar Raissouni, a dépassé les 10.000 signatures. Une étape de plus qui permet aux initiateurs du mouvement de mettre en oeuvre les actions initialement évoquées dans cette tribune. Dans un communiqué publié ce matin, les « hors la loi » se sont félicités de cette forte mobilisation, annonçant ainsi les actions à venir pour abroger l'article 490 du code pénal. « Au départ nous étions 490. Aujourd'hui nous sommes plus de 10 000. 10 000 citoyennes et citoyens à nous déclarer hors-la-loi. 10 000 Marocaines et Marocains à manifester notre colère, notre rejet de l'injustice et de l'hypocrisie sociale. 10 000 citoyennes et citoyens marocain à ne plus vouloir subir la loi du silence et à refuser d'ignorer les tragédies individuelles auxquelles les lois pénalisent les relations sexuelles hors mariage, l'adultère et l'avortement aboutissent », peut-on lire dans un premier temps dans le communiqué. Le mouvement rappelle que refuser ces lois, c'est « refuser de s'aimer en cachette, c'est ne plus avoir honte, ne plus avoir peur », de refuser ainsi « les inégalités sociales, les pressions et les humiliations ». Dans ce sens, le collectif annonce avoir déposé deux lettres. La première, adressée au Procureur général du roi près de la cour de cassation et Président du ministère public, Mohamed Abdennabaoui, l'invitant ainsi à suivre une politique pénale plus conforme à l'esprit de la Constitution marocaine et de la charte internationale des droits humains Lois liberticides Dans cette lettre, les « hors la loi » demandent « la suspension immédiate de l'application de ces lois liberticides et arbitraires, et en abandonnant les poursuites et exécutions des peines relatives aux relations sexuelles consentantes hors mariage entre adultes, à l'avortement et à l'adultère ». La deuxième lettre est adressée à la présidente de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA) et aux responsables des télévisions, radio et médias publics, les invitant à prévoir un créneau dans leur programme dédié à un débat sur les libertés individuelles, notamment avec l'intervention de députés, d'acteurs politiques, de représentants de la société civile, d'artistes et d'intellectuels. Afin d'être entendu, le collectif prévoit également de s'adresser directement au parlement à travers une pétition demandant l'abrogation de ces loi. « La constitution nous en offre la possibilité et nous devons nous en saisir », précise le communiqué. Pour la réussite de cette action, le mouvement espère obtenir plus de signatures. « Toutes et tous hors la loi jusqu'à ce que la loi change », conclut le mouvement qui compte bien se faire entendre. Pour rappel, cette tribune vient répondre aux derniers événements en relation avec l'article 490 du code pénal qui ont secoué l'opinion publique marocaine. La retentissante affaire de la journaliste marocaine Hajar Raissouni condamné à deux ans de prison ferme pour relations sexuelles hors mariage et avortement illégal, et celle de l'actrice Najat El Ouafi en juillet, sont venues s'ajouter à la multitude d'affaires en relation avec l'article 490. Selon l'association Insaf (Institut national de solidarité avec les femmes en détresse), le nombre d'enfants nés hors mariage au Maroc serait de 50.000 chaque année (ces enfants là ne bénéficient pas de reconnaissance de paternité ni de droit à l'héritage), alors que 300 bébés sont retrouvés abandonnés morts ou vivants dans les rues de Casablanca chaque année.