Au Maroc, une fille de 7-12 ans sur dix est non scolarisée en milieu rural et 14,8% des jeunes filles de 15 à 24 ans sont analphabètes contre 7,2% des garçons du même âge. Des chiffres alarmants dévoilés par l'ONG internationale Care Maroc à l'occasion de la journée internationale de la fille. Mariage, grossesse précoce, viol, travail domestique, violence, trafic, non-scolarisation, voici d'autres difficultés rencontrées par les petites filles et adolescentes que cette journée vient mettre en lumière à nouveau cette sous le thème « Les filles : Une force libre inarrêtable », une thématique qui souligne pareillement comment, avec les capacités et le soutien appropriés, les filles peuvent faire tomber les barrières et créer un monde meilleur pour elles-mêmes et pour les générations futures. Pour souligner cette journée, CARE Maroc appelle à investir davantage dans l'éducation, les compétences et les perspectives d'emploi des filles du Maroc et insiste sur l'importance de créer des espaces sûrs où les filles peuvent s'exprimer et être écoutées relativement aux décisions qui les touchent. « Les droits des femmes adultes commencent par les droits des filles enfants » souligne Care Maroc, affirmant qu'elle « agit pour transformer la vie des milliers de filles victimes d'inégalités et de discriminations au Maroc ». Selon Nissrine Bouhamidi, experte genre de l'ONG, « un changement durable des normes de genre ne peut être obtenu si les causes profondes de l'inégalité ne sont pas abordées. Investir dans le potentiel d'une fille constitue un levier d'émancipation qui permet le développement de toute sa communauté, de son pays, et lui permet d'accéder à l'indépendance financière afin de briser le cycle intergénérationnel de la pauvreté ». « Cela signifie leur offrir un enseignement et une formation de qualité qui leur permettront de gagner un revenu et de créer un avenir meilleur, pour elles et leurs familles » affirme-t-elle. Ainsi, et pour sensibiliser davantage sur les difficultés rencontrées par les petites filles et adolescentes au Royaume, Care Maroc a dévoilé des statistiques partagées par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) en mars 2019 sur la situation des filles au Maroc sur. Côté scolarisation, et selon ses statistiques, il y'aurait, une fille de 7-12 ans sur dix est non scolarisée en milieu rural et 14,8% des jeunes filles de 15 à 24 ans sont analphabètes contre 7,2% des garçons du même âge. Mais pas que ! En 2014, six femmes rurales sur dix demeurent analphabètes contre 35,2% d'hommes ruraux et 30,5% de femmes citadines. En ce qui concerne l'emploi, 24,6% des filles de 15 à 17 ans ne travaillent pas, ne sont pas à l'école et ne suivent aucune formation contre seulement 5,1% parmi les garçons (selon les chiffres de l'enquête nationale sur l'emploi de 2016). Autres chiffres : 69.000 enfants âgés de 7 à moins de 15 ans se trouvent sur le marché de l'emploi dont 39,9% sont des filles et 65% ne sont pas scolarisés (selon les chiffres de l'enquête nationale sur l'emploi de 2014). Du côté des travaux domestiques, les statistiques partagées par le Haut-Commissariat au Plan (HCP), les filles de 7 à 14 ans consacrent 3 à 4 fois plus de temps que les garçons aux tâches domestiques. Pour le mariage précoce, qui est un phénomène assez courant malheureusement dans le milieu rural au Maroc malgré les mesures prises par les autorités et la société civile pour y mettre fin, un rapport de l'Unicef estime qu'en 2013, 4/5 des demandes de mariage des mineurs sont autorisés, tandis qu'en 2013, 11,4% des mariages concernent des mineures. Ainsi, par ses projets, programmes d'alphabétisation et d'éducation préscolaire, CARE International Maroc crée en 2007 au Royaume, «encourage l'égalité entre les genres, et notamment entre les garçons et les filles». « Par exemple, si dans des initiatives autour de l'éducation préscolaire des activités visant à lutter contre les stéréotypes liés au genre sont mises en place, CARE International Maroc cible également les jeunes filles par les programmes d'alphabétisation, de post-alphabétisation afin de leur donner les moyens d'acquérir les compétences nécessaires à leur autonomie et à leur liberté », avance encore l'ONG.