Nul doute, désormais, que le Sahara était bien vert il y a quelques milliers d'années. C'est ce qu'a réussi à démontrer une étude menée conjointement par des chercheurs marocains et espagnols dans la région de Jerada. La frontière maroco-algérienne a été autrefois une savane verdoyante où vivaient des espèces aujourd'hui éteintes et l'eau coulait à flot, confirme l'étude dirigée par une équipe de l'Université Mohamed I d'Oujda et l'Institut catalan de paléoécologie humaine et d'évolution sociale (IPHES). L'équipe de chercheurs a débuté ses travaux il y a 17 ans déjà sur plusieurs sites au nord du Maroc près de la ville de Jerada, non loin de la frontière algérienne. « Les découvertes confirment que cette zone bordée par le Sahara existait une savane verte cyclique parcourue par l' »hipparion », ancêtre du cheval à trois sabots ; le « dinofelis », une espèce de tigre à dents de sabre, ou un macaque ancêtre de la Barbarie qui remonte à 2,5 millions d'années », rapporte l'agence de presse espagnole EFE. Et bien que pour l'heure aucun reste humain n'ait été retrouvé dans la zone, des traces de leur passage ont été découvertes. Des outils en pierre, ainsi que des traces laissées par ces outils sur des ossements d'animaux ont été datés d'il y a 500.000 ans, souligne la même source. Lire aussi: Des empreintes «colossales» de dinosaures découvertes à Imilchil (Etude) D'autres outils sont encore en attente d'analyse, affirment les chercheurs, estimant qu'ils pourraient dater de plus de 1,5 million d'années, soit tout aussi vieux que les restes retrouvaient au Kenya ou au Tchad, « régions considérées comme le berceau de l'humanité ». Ces dernières découvertes « prouvent qu'il y avait des connexions à travers le continent », a déclaré le directeur de l'IPHES et archéologue Robert Sala qui dirige le projet. Ce travail de longue haleine mené par les chercheurs marocains et espagnols a été mis en suspens durant la pandémie du Covid-19 avant de reprendre en 2022. Les chercheurs attendent encore le feu vert pour pouvoir continuer leur travail cet automne, affirment-ils. « Nous voulons que ce patrimoine archéologique puisse aider la région de Jerada à avancer et aussi pouvoir faire avances les connaissances sur les origines de l'homme », a conclu Robert Sala.