Entre les députés PJD qui ont accusé le gouvernement de « promouvoir les drogues » et « l'homosexualité » et ceux de la majorité qui ont rappelé les différents dérapages du parti de la Lampe en matière de moeurs, la traditionnelle séance des questions orales au Parlement a été lundi très mouvementée. L'affaire El Grande Toto continue de faire des remous au Parlement. Parmi les questions qui ont été adressées lundi au ministre de la Jeunesse, de la culture et de la communication, il y avait une sur « l'exemple culturel et moral » que celui-ci voudrait « instaurer auprès de la jeunesse ». Celle-ci a été posée, lors de la séance hebdomadaire des questions orales à la chambre des représentants, par Fatima Zahra Bata, du groupement du Parti de la justice et de développement (PJD). « Même si ce n'est pas la question que nous avions reçue, je répondrais. Oui, madame la députée, le ministère de la Culture est le ministère des Cultures et de tamaghribit ( marocanité, ndlr) », a d'abord rétorqué Mohamed Mehdi Bensaid, sous les applaudissements de la majorité. « Et lorsqu'on parle de cultures, il y a le malhoune, gnaoua, le rap et un ensemble de choses qui existent en réalité dans notre société. Et je ne pense pas que le rôle du ministère en 2022 est de venir arrêter un artiste ou une artiste », a-t-il assuré. « Nous ne pouvons accepter aucun acte immoral dans la sphère publique, parce que je suis père avant d'être ministre. (…) Je n'accepterai pas de grossièretés, que ce soit dans les festivals, les stades, la rue ou d'autres espaces publics », a-t-il poursuivi. « Mais en même temps, il faut s'interroger sur les raisons qui poussent ces jeunes à s'exprimer d'une telle manière. Les politiques publiques pour la jeunesse ont-elles été absentes ces dix dernières années ? Pourquoi ces jeunes utilisent cette violence dans les festivals et les stades? ».
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Une publication partagée par Mohammed Mehdi Bensaid (@mmbensaid) « Je le redis encore une fois: nous avons besoin d'ouvrir le dialogue avec notre jeunesse. Si ces jeunes ont commis des erreurs, c'est à nous de les remettre sur le bon chemin », a ajouté plus tard le ministre. Des « comportements honteux » Le ministre a été ensuite relancé sur le sujet par la députée PJD Naima El Fathaoui, qui estime que les festivals sont « devenus un lieu de promotion des drogues et de l'alcool » et que les conférences qui y sont organisées reflètent des « comportements honteux ». Lire aussi: Au Maroc, l'affaire ElGrande Toto crée un malaise sur la scène rap Son intervention a provoqué beaucoup de bruit dans l'hémicycle. Plusieurs députés de la majorité ayant rappelé à ceux du PJD les différents scandales liés aux moeurs survenus lors des deux derniers mandats gouvernementaux, sans les nommer. « L'éducation est un comportement et non un slogan. Celui dont la maison est de verre doit se garder de jeter des pierres aux autres », a notamment riposté Ahmed Touizi, du Parti authenticité et modernité (PAM). Le député a aussi lâché que « certains ministres (PJD, ndlr) se sont mariés à l'intérieur du Parlement, et d'autres ont été surpris avec des jeunes femmes de l'âge de leurs filles ». Intervenant également lors de la même séance, le président du groupement PJD Abdellah Bouanou a accusé le ministère de soutenir, selon lui, l'homosexualité. « Le chef du gouvernement et son ministre devaient présenter leurs excuses aux Marocains », a-t-il estimé, se disant victime avec son groupe d'une « attaque illogique ». Mais selon Mehdi Bensaid, le film en question a reçu le financement en 2017, soit sous le gouvernement El Othmani. « Le gouvernement actuel n'est pas concerné (…) un film ne se fait pas en six mois », a répondu le ministre. Le débat parlementaire fait référence à la polémique qui a entouré des propos du rappeur Toto, lors de la conférence de presse qui a suivi son concert tenu à Rabat fin septembre, assumant notamment sa consommation de cannabis. Il a été ensuite visé par au moins cinq plaintes pour « incitation à la violence » et « diffamation », entre autres, puis placé en garde à vue. Quatre des plaignants, dont le chanteur de variété marocaine Abdelouahab Doukkali, avaient finalement annoncé avoir retiré leurs plaintes.