Selon le nouveau rapport du FMI sur le Maroc, l'activité économique nationale a récupéré « l'essentiel du terrain perdu lors de la grave récession mondiale de 2020 ». Une « performance » obtenue grâce à la poursuite des mesures de relance budgétaire et monétaire, au rebond des exportations, au dynamisme des envois de fonds et à la récolte exceptionnelle après deux années de sécheresse. Le Fonds monétaire international a rendu public dans la soirée du 9 février son nouveau rapport sur le Maroc. Une équipe de l'institution internationale, menée par Roberto Cardarelli, avait mené une mission virtuelle du 30 novembre au 10 décembre 2021 dans le cadre des consultations de 2021 avec le Maroc. Le rapport, finalisé le 11 janvier dernier « sur la base des informations disponibles au moment des échanges » avec les autorités marocaines, a été examiné le Conseil d'administration du FMI le 2 février. Selon le document de 61 pages, « après avoir diminué de 6,3 % en 2020, le PIB devrait avoir augmenté de 6,3% en 2021, l'une des plus élevées de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord ». Mais « bien qu'il ait récupéré la plupart des emplois perdus en 2020, le taux de chômage de 11,8% est toujours supérieur au niveau d'avant la pandémie, tiré par un rebond du taux d'activité ». Lire aussi: Industrie: l'essentiel de l'enquête trimestrielle de conjoncture de BAM Les banques marocaines ont bien résisté à la crise, grâce au soutien rapide et exceptionnel de Bank al-Maghrib. La croissance du PIB devrait atteindre environ 3% en 2022, la production agricole revenant à des niveaux moyens et l'activité non agricole continuant de se redresser, souligne le rapport. Les récentes pressions inflationnistes sont restées gérables et devraient s'estomper à moyen terme, à mesure que les pressions sur les coûts résultant des perturbations de l'approvisionnement mondial se résorberont. Après la forte contraction de 2020, le déficit du compte courant devrait revenir en 2021 à des niveaux plus proches d'avant la pandémie et se stabiliser autour de 3,5 % du PIB à moyen terme. « Bien que ces perspectives restent sujettes à incertitude, une grande partie des risques dépendant de l'évolution de la pandémie, une mise en œuvre rapide et efficace des réformes structurelles devrait accroître la croissance à moyen terme », expliquent les services du FMI. « Les effets de la pandémie se résorbent » Toujours selon le rapport, l'économie marocaine se remet de la récession de 2020, grâce à la récolte exceptionnelle, au rebond des exportations, à des politiques monétaires et budgétaires accommodantes et à la vigueur continue des envois de fonds: « Après une forte compression en 2020, le déficit du compte courant revient à des niveaux plus proches d'avant la pandémie, mais le Maroc est sorti de la crise avec une position de réserve internationale beaucoup plus solide. Les services du FMI prévoient une croissance du PIB d'environ 3 % au cours des prochaines années, les effets de la pandémie sur l'activité potentielle se résorbant progressivement et s'accélérant progressivement par la suite sous l'effet positif des réformes structurelles ». Ces projections restent cependant « soumises à un niveau d'incertitude élevé, lié à la fois à l'évolution de la pandémie et au rythme de mise en œuvre et d'efficacité des réformes ». Aussi, la réduction plus rapide que prévu de l'écart de production et l'augmentation du ratio de la dette publique exigeraient une politique budgétaire plus stricte que celle actuellement envisagée. Les services du FMI s'attendent à ce que le déficit budgétaire diminue très lentement à moyen terme et que le ratio dette publique/PIB se stabilise à près de 80 %, lit-on dans le document. Si la dette publique reste viable, un processus d'assainissement budgétaire plus rapide, qui ramènerait le ratio dette/PIB plus près des niveaux d'avant la pandémie à moyen terme, rendrait le Maroc moins vulnérable à de nouveaux chocs négatifs et libérerait davantage de ressources pour les investissements du secteur privé, estime le FMI. Baisser les déficits budgétaires Selon les conclusions du rapport, « la politique budgétaire devrait être ancrée dans un cadre macro-budgétaire à moyen terme crédible et étayée par une réforme globale du système fiscal et un examen systématique des dépenses publiques, complétées par une réforme de la fonction publique pour contenir l'augmentation de la masse salariale ». Des déficits budgétaires plus faibles permettraient à la politique monétaire de rester accommodante plus longtemps, en supposant que les pressions inflationnistes resteront gérables. La récente hausse de l'inflation est limitée et devrait s'atténuer à mesure que les pressions sur les coûts importés dues aux goulots d'étranglement du côté de l'offre et à la hausse des prix des matières premières deviennent moins pertinentes au fil du temps. Lire aussi. La Banque mondiale prévoit une croissance de 3,2% au Maroc en 2022 Tant que ces pressions ne contaminent pas les anticipations d'inflation intérieure, BAM dispose d'une marge de manœuvre pour une normalisation progressive des conditions de la politique monétaire, mais devrait se tenir prêt à durcir sa position si les pressions inflationnistes s'accélèrent davantage, estime le FMI. Selon le FMI, l'appréciation récente du dirham vers le bas de la fourchette du taux de change offre une opportunité d'accélérer la transition prévue vers un cadre de ciblage de l'inflation. Nouvelle vague de réformes L'institution internationale se félicite par ailleurs de « l'engagement des autorités en faveur d'une nouvelle vague de réformes structurelles ». D'abord, la généralisation du système de protection sociale devrait combler les lacunes existantes dans la couverture et la qualité des services de soins de santé et renforcer le filet de sécurité sociale du Maroc. « Conjuguées à la mise en œuvre complète du registre social unifié, ces réformes devraient améliorer l'inclusivité et l'efficacité » du système sanitaire. La réforme des entreprises publiques devrait aussi « réduire leur charge financière sur le budget et éliminer les distorsions qui empêchent la neutralité du marché et entravent le développement du secteur privé ». Lire aussi. Maroc: 28% des entreprises ont suspendu leur activité en 2021 (HCP) Le Nouveau modèle de développement (NMD) apporte « plusieurs recommandations utiles pour renforcer la compétitivité des entreprises marocaines, améliorer la gouvernance, dynamiser le capital humain et construire une société plus inclusive ». Selon le rapport, une mise en œuvre prudente des réformes sera essentielle à leur succès. Les réformes déjà en cours et celles suggérées dans le rapport sur le NMD peuvent permettre de créer une trajectoire de croissance plus forte, plus inclusive et durable pour le Maroc. « Néanmoins, étant donné les besoins de financement potentiellement importants associés à ces réformes, l'impact incertain sur la production potentielle et l'étroitesse de l'espace budgétaire, une conception et un ordonnancement soigneux sont nécessaires, sur la base d'un plan de financement adéquat et dans un cadre macroéconomique cohérent et stable », conclut le FMI.