L'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara, Staffan de Mistura a entamé mercredi une visite régionale dans le cadre de la concrétisation de la résolution 2602 du Conseil de sécurité, adoptée le 29 octobre dernier. Mohamed Bouden, politologue et président du Centre Atlas d'analyse des indicateurs politiques et institutionnels, nous décrypte les enjeux de ce déplacement très attendu. « C'est une visite qui intervient dans un contexte très important. D'abord, il y a la position souveraine claire et sans ambiguïté que sa majesté le roi a exprimé à l'occasion de la commémoration du 45e et 46e anniversaires de la Marche verte », souligne d'emblée Mohamed Bouden. « Cette position, qui avait été aussi exprimée dans le passé, affirme que la marocanité du Sahara n'est pas négociable. L'objectif est plutôt de construire une solution pacifique, fondée sur l'Initiative d'autonomie », poursuit-il. Lire aussi: Sahara: arrivée à Rabat du nouvel émissaire de l'ONU, première étape d'une tournée régionale « Cette visite intervient aussi dans un contexte marqué par une certaine continuité du côté marocain, avec notamment l'ouverture de plusieurs consulats dans le Sahara marocain et le retrait par plusieurs pays vis-à-vis de l'entité fictive (ndlr, le Front Polisario). Cela reflète l'important soutien international dont jouit l'intégrité territoriale du royaume et tout ce qu'il fait pour sa souveraineté sur le Sahara marocain », ajoute le politologue. La visite de Staffan est, en effet, la première d'un envoyé spécial des Nations unies pour le Sahara depuis la démission de l'Allemand Horst Köhler de ce poste, annoncée en mai 2019. Une « solution politique réaliste » « Depuis la démission de Horst Köhler, le processus politique est resté en suspens. De plus, la position de la réelle partie prenante dans ce conflit qui est l'Algérie semble aller à contresens de la volonté internationale et du contenu des différentes résolutions du Conseil de sécurité adoptées ces dernières années, depuis la résolution 1754 adoptée en 2007 jusqu'à la plus récente, la résolution 2602 », détaille Mohamed Bouden. Le texte, adopté en octobre 2021, réaffirme notamment la « volonté » du Conseil de sécurité « d'aider les parties à parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, basée sur le compromis, qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d'arrangements conformes aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations unies, et notant le rôle et les responsabilités dévolus aux parties à cet égard ». Pour le politologue, cette résolution souligne la « pertinence et la logique contenues dans la proposition marocaine d'autonomie comme unique base à une solution politique et affirme que « la solution, selon ce qui a été convenu aux conférences de Genève I et II, doit être politique, réaliste, pragmatique, durable et mutuellement acceptable à la question. Ces critères ne s'appliquent pas aux propositions faites par les autres parties contrairement à l'initiative marocaine d'autonomie qui y répond ». Aussi, « l'envoyé spécial des Nations unies va visiter la région selon un cadre défini par l'ONU. Ce cadre définit ses prérogatives et ses missions et cette tournée va constituer au moins un premier pas pour la construction à une solution pacifique. Mais le Maroc ne négociera pas la marocanité de son Sahara », souligne-t-il encore. Au lendemain de son arrivée au Maroc, Staffan de Mistura a été reçu, jeudi à Rabat, par le ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita. Cette séance de travail s'est déroulée en présence de l'ambassadeur et représentant permanent du royaume du Maroc auprès de l'ONU, Omar Hilale. Lors de ces entretiens, la délégation marocaine a réitéré les fondamentaux de la position marocaine, à savoir « l'attachement du royaume à la reprise du processus politique conduit sous l'égide exclusive de l'ONU pour parvenir à une solution politique sur la base de l'Initiative marocaine d'autonomie, dans le cadre du processus des tables rondes, en présence des quatre participants ».