Une soixantaine de travailleurs saisonniers marocains sont actuellement bloqués en France à cause des restrictions sanitaires. Un responsable associatif lance l'alerte auprès des autorités marocaines pour intervenir et ramener ces personnes qui se retrouveront bientôt sans ressources. Comme chaque année, ils sont des centaines à être sollicités par la France pour ramasser les récoltes de pommes, kiwis, vignes ou autres plantations. Les travailleurs saisonniers marocains sont réputés représenter une main-d'œuvre très qualifiée dans ce domaine. Arrivés cet été dans le département du Tarn-et-Garonne, une soixantaine sont actuellement bloqués sur place à cause des restrictions sanitaires liées à la pandémie du covid-19. « Une cinquantaine ou soixantaine de Marocains sont venus sous contrat de quatre mois pour travailler dans les récoltes de pommes et autres fruits. Ce qu'ils ont gagné en quatre mois, ils sont en train de le gaspiller et vont rentrer chez eux sans rien. On ne sait pas à qui s'adresser et la plupart de ces personnes sont illettrées. Je ne comprends pas pourquoi il n'y a pas d'initiative du ministère des Affaires étrangères ou autres autorités pour faire rapatrier ces gens », s'indigne Abderrahmane El Alaoui, président de l'Union des commerçants de Bellefontaine (UCB) à Toulouse. Depuis le 29 novembre dernier, le Maroc a suspendu toutes ses liaisons aériennes régulières. Les vols spéciaux mis en place sont soumis à des conditions précises, notamment celle d'avoir quitté le Maroc après le 1er septembre dernier (le 1er octobre était le délai accepté jusqu'à hier). Une condition que ne remplissent pas ces travailleurs saisonniers arrivés sur le territoire français en août dernier et dont H24Info a reçu copie des passeports avec tampons faisant foi. « Je me suis déplacé à Montauban pour voir ces travailleurs. Heureusement, le patron de l'entreprise agricole qui les embauche est compréhensif et accepte de les loger provisoirement. De mon côté, je leur apporte du pain tous les jours de la boulangerie que je gère », poursuit l'acteur associatif franco-marocain qui tente d'aider comme il peut ses compatriotes. Certains d'entre eux ont voyagé en voiture de Toulouse à Lisbonne, soit plus de 12h de route pour tenter d'obtenir un vol de rapatriement mais en vain. Ils se sont fait refoulés, indique notre interlocuteur. « On a également contacté quatre consulats, deux à Marseille, et ceux de Montpellier et de Toulouse. Ils nous ont dit qu'ils ont fait le nécessaire auprès de leur hiérarchie. Pour le moment, nous n'avons pas de visibilité », poursuit-il. Contactée, une source au sein du ministère des Affaires étrangères est restée indisponible. Pour rappel, la main-d'œuvre agricole qualifiée se fait de plus en plus rare dans l'Hexagone, notamment dans le Tarn-et-Garonne qui est le premier département français producteur de pommes et de kiwis. Quelque 18.000 saisonniers étrangers sont attendus chaque année pour pallier ce manque et éviter le gâchis des exploitations.