Un rapport du Conseil supérieur de l'éducation révèle des données inquiétantes sur le harcèlement en milieu scolaire, notamment sexuel de la part des enseignants. Au Maroc, 9% des élèves de la 6ème année primaire et 17% des élèves de la 3ème année secondaire collégiale sont victimes de harcèlement sexuel par leurs camarades. Mais ce n'est pas tout. 8% et 13% d'entre eux, respectivement, déclarent être harcelés sexuellement par leurs enseignants, contre 7% et 11% par le personnel administratif. Ces chiffres ont été révélés par le nouveau rapport du Programme national d'évaluation des acquis (PNEA), rendu public le 30 novembre par le Conseil supérieur de l'éducation et de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS). Le travail d'enquête a été réalisé en mai 2019 par l'Instance nationale de l'évaluation (INE) du conseil, sur un échantillon de 36.808 élèves dont 18.025 au primaire et 18.883 au secondaire collégial. « Le harcèlement sexuel d'un enfant porte atteinte à la dignité de la victime qui se sent humiliée et chosifiée, ce qui de nature à le traumatiser, le perturber et compromettre son développement cognitif, psychique, physique et social », souligne le conseil. Par conséquent, « l'école en tant qu'institution de formation et d'éducation, a le devoir de lutter pédagogiquement et administrativement contre ce phénomène destructeur, abaissant et anti-socialisant. D'où, la responsabilité des acteurs pédagogiques (enseignants, personnel de l'administration et élèves) de veiller au respect de la norme et de l'incarner au niveau relationnel avec les élèves ». Une « déviance » Mais le harcèlement sexuel n'affecte pas seulement les élèves entre eux, relèvent les auteurs du rapport. Il impacte aussi les relation élèves-enseignants et élèves-personnel administratif. « Le phénomène prend plus d'ampleur au collège qu'au primaire. Ce phénomène atteste d'une déviance par rapport la norme et un acte condamnable à l'extrême lorsqu'il se produit dans une institution d'éducation et touche les enfants », fustige le conseil. Lire aussi: Une campagne pour en finir avec le cyberharcèlement des enfants Le harcèlement sexuel des élèves se poursuit jusqu'en dehors de l'école. Selon le PNEA, 10% des écoliers et 20% des collégiens en ont été victimes dans « le voisinage de leurs établissements scolaires ». Sur internet, ces proportions « restent pratiquement les mêmes ». Comment en venir à bout ? Pour le conseil, « l'école ne peut, à elle seule, faire face au défi que représente le harcèlement sexuel des élèves. C'est un défi à relever en collaboration avec les parents d'élèves, les associations de protection de l'enfance et les autorités publiques ». Les élèves harcelés ont de moins bonnes notes L'étude s'est également penchée sur les autres formes de harcèlement en milieu scolaire et ses conséquences sur le rendement des victimes en classes. Un « enfant harcelé et humilié se trouve handicapé dans le processus d'apprentissage. Le harcèlement scolaire est susceptible d'hypothéquer durablement la vie scolaire de l'élève qui en est victime », déplore-t-on dans le rapport. Résultat: les élèves les plus exposés au harcèlement sexuel « performent nettement moins que leurs collègues moins exposés ». Si les résultats obtenus par les élèves en 6ème année primaire les moins exposés au harcèlement sexuel avoisinent la moyenne nationale (250), les scores enregistrés chez leurs camarades les plus exposés s'en écarte de 13 à 19 points selon les matières, détaille l'étude. Même constat au secondaire collégial où les élèves les plus exposés au harcèlement perdent 14 à 22 points, selon les matières, par apport à leurs camarades les moins exposés. « Même si certains résultats s'avèrent des phénomènes minoritaires, ils portent atteintes au fonctionnement d'un bon établissement, affectent les élèves dans leur apprentissage et produisent un effet négatif sur leurs acquis », conclut le rapport.