L'Italie tente tant bien que mal de plaire à Rabat et Alger. Un exercice d'équilibriste pas toujours facile à tenir qui consiste à maintenir des relations de bon voisinage avec les deux pays maghrébins avec à l'arrivée des positions contradictoires sur le dossier du Sahara. La position italienne sur le dossier du Sahara peut sembler quelque peu ambigüe. Et pour cause, le pays tente de servir la soupe à Alger et à Rabat simultanément, en soutenant d'un côté les efforts «sérieux et crédibles» du Maroc et de l'autre «le rôle de l'Algérie et son attachement au cadre onusien sur le Sahara occidental». Ce sont là deux déclarations tenues en l'espace de quelques jours par l'exécutif italien. D'abord, la visite du président italien, Sergio Mattarella à Alger, samedi 6 novembre, durant laquelle il a rencontré le président algérien Abdelmadjid Tebboune. Dans une interview accordée au journal El Moudjahid, le président italien a affirmé que Rome suivait de «très près la question du Sahara occidental», avant de mettre en exergue «le rôle de l'Algérie et son attachement au cadre onusien sur le Sahara occidental». ET ce n'est pas tout puisque le président italien a défendu une solution au conflit du Sahara qui «tienne dûment compte des droits du peuple sahraoui». Des propos tenus à Alger où le président Sergio Mattarella effectuait une visite officielle de deux jours et lors de laquelle il a décerné la médaille de l'Ordre du mérite national au président Tebboune. Moins de deux jours plus tard, le ministre marocain des Affaires étrangères s'entretenait au téléphone ce mardi 9 novembre, avec son homologue italien, Luigi Di Maio. Ce dernier a salué lors de l'entretien, les efforts "sérieux et crédibles" menés par le Maroc dans le cadre des Nations Unies en vue du règlement du dossier du Sahara. L'Italie «encourage toutes les parties à poursuivre leur engagement dans un esprit de réalisme et de compromis», lit-on dans le communiqué conjoint publié à l'issue de cet échange. Lire aussi: Diplomatie: Nasser Bourita s'entretient avec son homologue italien Luigi Di Maio Selon la même source, la position italienne n'a subi aucun changement et reste fidèle à celle «exprimée dans la Déclaration sur le partenariat stratégique multidimensionnel, signée le 1er novembre 2019 à Rabat». L'Italie appuie les efforts du secrétaire Général de l'ONU pour poursuivre le processus politique visant à parvenir à une solution politique, juste, réaliste, pragmatique, durable et mutuellement acceptable», rappelle le communiqué. Les déclarations italiennes interviennent dans un climat très tendu entre Rabat et Alger. L'Italie est un partenaire commercial privilégié de l'Algérie. Le pays européen s'accapare d'ailleurs «plus du tiers du gaz algérien» exporté, devenant «la première destination des exportations gazières algériennes au premier trimestre 2021». Les exportations vers l'Italie se font à travers le gazoduc Transmed, appelé aussi Enrico Mattei (GEM), mis en service en 1983. L'Algérie est de ce fait le «deuxième fournisseur de gaz pour l'Italie, avec une part de 35 % sur ce marché, contre les 16 % acquis au cours de la même période en 2020», indique l'agence Anadolu. Les échanges commerciaux entre les deux pays sont divers et seront fructifiés à l'avenir, annonçait la présidence algérienne dans un communiqué après la visite de Mattarella. La visite du président italien est la première du genre en 18 ans, depuis la visite de Carlo Azeglio Ciampi, pour la signature du «traité d'amitié et bon voisinage entre les deux pays», rappelle l'agence turque. Elle sera suivie par un sommet entre les deux gouvernements dans les prochains mois.