Aziz Akhannouch a annoncé un « plan ambitieux » pour développer le domaine de la santé au Maroc. Pour le réaliser, le gouvernement a promis de renforcer le budget du secteur pour remédier à la pénurie du personnel médical et développer de nouveaux hôpitaux, entre autres. Détails. Le gouvernement veut rétablir la confiance des citoyens marocains dans l'hôpital public. C'est l'un des grands défis annoncés par Aziz Akhannouch, lundi, lors de la présentation de son programme devant les deux chambres du Parlement. L'objectif principal est d'« assurer la mise en place d'une bonne offre de santé, grâce au renforcement de la formation des médecins et des professionnels de santé, le développement de l'accès aux médecins de proximités », lit-on dans le document détaillant le programme du nouvel exécutif. La réforme comprend notamment l'augmentation du nombre de travailleurs de santé pour mieux couvrir le territoire national et répondre aux besoins des patients. Le Maroc compte actuellement 1,65 travailleur de la santé pour 1.000 habitants, alors que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en recommande 2,3 pour pouvoir assurer une couverture vaccinale de 80% et assister 80% des femmes enceintes pour leurs accouchements. En raison de la « migration croissante des médecins marocains », du non-remplacement de ceux qui partent en retraite, de la faible attractivité des concours de recrutement dans le secteur public, leur nombre pourrait être de trois fois moins pendant les dix prochaines années, souligne-t-on. La concentration du personnel médical dans « certaines zones au détriment d'autres » y est aussi pour beaucoup. « Cette situation menace gravement notre capacité à améliorer l'accès aux soins de santé, à l'heure où la généralisation de la protection sociale requiert de doubler le nombre de professionnels de santé et d'améliorer la couverture sur tout le territoire national », explique-t-on dans le document. Augmenter les salaires « La crise du Covid-19 nous a rappelé que le personnel médical est indispensable», souligne le gouvernement. Pour arrêter « l'hémorragie » causée par la migration des médecins, le gouvernement promet d'ouvrir un dialogue avec les syndicats les plus représentatifs du secteur, dès la première année de son mandat. Le premier objectif fixé est d'augmenter les salaires du personnel médical, améliorer leur protection sociale et les conditions de rémunération de leurs gardes et permanences. Pour augmenter le nombre des cadres du secteur de la santé, le gouvernement s'engage aussi à renforcer la capacité de formation des facultés de médecine du pays. Il promet aussi d'ouvrir de nouveaux centres hospitaliers universitaires, dont ceux déjà prévus par le gouvernement précédent dans les villes de Tanger, Agadir et Rabat. L'Exécutif veut aussi mettre fin aux « nominations de longue durée des spécialistes contractuels qui finissent parfois par quitter la fonction publique ou émigrer, infligeant ainsi de lourdes pertes » au pays. Pour les remplacer, il veut lancer un système de rotation au niveau régional pour faire en sorte que les spécialistes puissent travailler dans les régions les plus éloignées. Améliorer les équipements Mais selon le gouvernement, l'analyse des dépenses du secteur montre que les dysfonctionnements ne s'expliquent pas seulement par le manque des ressources humaines. La mauvaise gestion de ces dépenses est pointée du doigt. Une augmentation du budget pour le secteur devrait permettre, selon le gouvernement, la réhabilitation des centres de soins de santé primaire. Elle permettra aussi de combler les lacunes en matière d'équipements publics, indique-t-on, soulignant que pendant la crise sanitaire, le manque de matériel, en particulier dans les réanimations, a mis une « forte pression » sur le personnel médical. Le gouvernement promet également de fournir un « nombre suffisant » d'ambulances équipées à chaque région ainsi que des services d'assistance médicale d'urgence. Il assure vouloir faire de l'hôpital public une structure indépendante dans sa gestion, attractive pour tous les Marocains, et obligée de respecter un cahier de charge et de rendre des comptes. « La somme des procédures susmentionnées conduira à la réconciliation des citoyens avec l'hôpital public », souligne le gouvernement. Une carte de soin électronique Le gouvernement veut aussi faire en sorte de réduire les dépenses directes des Marocains dans les services de santé. Pour ce faire, parallèlement au chantier de la généralisation de la protection sociale, il ambitionne de « numériser le système de santé ». A l'horizon 2024, le gouvernement s'emploiera donc à doter chaque Marocain d'une carte médicale à puce électronique. Celle-ci permettra aux citoyens de dépenser moins, mais aussi d'assurer un suivi médical personnalisé qui concernera toute la chaîne de soins au Maroc. C'est une « véritable pièce d'identité médicale » qui permettra d'identifier chaque patient auprès de tous les établissements de santé, qu'ils soient publics ou privé. En outre, elle facilitera la prise en charge directe du patient et réduira le risque de prescription d'un traitement inapproprié.