L'augmentation de la TIC de bière et du vin envisagée par le gouvernement dans le projet de loi de finances (PLF) 2020 irrite les patrons des débits de boissons. Ceux-ci envisagent d'observer une grève de deux jours. Le gouvernement prévoit dans le PLF 2020 prévoit d'augmenter la taxe intérieure sur la consommation (TIC) de bière de 900 dirhams à 1 000 dirhams par hectolitre, soit une augmentation d'un dirham par litre, mais aussi d'augmenter les quotités de la TIC de 700 à 800 DH l'hectolitre pour les vins. Bien que cette mesure nécessite l'aval du Parlement avec ces deux chambres, rien que le fait de l'envisager fait des mécontents. Ces derniers sont de plus en plus nombreux. Outre les consommateurs lambda qui ont manifesté leur colère via les réseaux sociaux, les professionnels exaspérés par la situation de leur secteur envisagent de monter au créneau. «Nous avons eu des réunions marathon ces derniers jours avec les autorités à propos de plusieurs questions en suspens, notamment, la répercussion des campagnes de la DGSN contre le personnel féminin sur nos commerces. Déjà en difficulté, nous n'avions besoin que d'une augmentation des taxes et par conséquent des prix pour venir remettre une couche sur notre activité», s'est insurgé Jilali Kacem Jeddouri, président de l'Association Atlas qui regroupe près de 500 détenteurs de licence de vente de boissons alcoolisées à Casablanca, dans une déclaration à H24info. La grève après le 6 novembre «Les membres de notre association ne cessent de m'appeler pour se renseigner sur la date de notre grève. Dans notre dernière réunion tenue le 18 octobre à la Chambre de commerce de Casablanca, nous avons convenu d'une fermeture de 48h de nos commerces», a-t-il affirmé. A la question avez-vous fixé une date pour votre débrayage, le représentant de la corporation des débits de boissons souligne que «la colère gagne les rangs de l'ensemble des membres de son association». «L'orientation générale entre les membres et de laisser passer la commémoration du 44ème anniversaire de la Marche verte le 6 novembre et puis nous allons organiser plusieurs formes de protestation», a-t-il indiqué. «Nos précédentes réunions avec les autorités n'ont pas apporté de réponses à nos questions et aux problématiques de notre secteur. Ce qui nous pousse à conclure qu'il faut passer à des actions concrètes», a-t-il soutenu. «Outre le problème de l'augmentation des taxes, que ce soit la TIC ou encore les taxes communales, nous avons le problème du personnel féminin qui doit être réglé d'une manière ou d'une autre», a-t-il poursuivi. Et d'ajouter: «Nous avons également le problème du cadre réglementaire dépassé notamment concernant le gérant qui a l'obligation légale de présence de l'ouverture jusqu'à la fermeture. Ce qui reste infernal et intenable. En plus de l'obligation légale d'accorder 34% du fonds de commerces au gérant qui ne correspond pas aux intérêts des patrons». Une mesure inefficace En cas de son adoption par les deux chambres du Parlement, cette augmentation des taxes entraînerait forcément une augmentation du prix des boissons alcoolisées. «Si le gouvernement envisage de rendre celles-ci moins accessibles dans un souci de préservation de la santé publique, on peut le féliciter d'ores et déjà de l'efficacité de sa mesure, mais s'il se trouve qu'il cherche une nouvelle manne financière, on peut s'attendre à un échec cuisant», estime un observateur sous le sceau de l'anonymat. En optant pour une telle mesure, le gouvernement doit s'attendre à une réduction de la demande par une augmentation du prix. Et qui dit limitation de la consommation d'alcool, dit par conséquent baisse des recettes d'impôt. «Outre le fait que ces mesures se heurtent aux principes de liberté individuelle, de liberté de commerce et soulèvent l'opposition de plusieurs franges de la société- en atteste le tollé sur les réseaux sociaux et les multiples vidéos de dénonciation filmés par des consommateurs- il y a lieu de s'interroger sur l'efficacité fiscale de cette mesure», abonde dans le même sens une autre source. Car, affirme-t-elle, «une augmentation du prix de 10% sur les boissons alcoolisées pourrait réduire la demande de 3 à 10%».