Le premier ministre israélien sortant est donné vainqueur des législatives et sur la voie d'un cinquième mandat après dépouillement de la presque totalité des votes qui le montre nettement le mieux placé pour former le prochain gouvernement. * Par Thierry Oberlé Correspondant du Figaro à Jérusalem Trois ex-chefs d'état-major de l'armée israélienne ne sont pas parvenus à vaincre Benyamin Nétanyahou. Le chef du gouvernement sortant, qui jouait sa carrière politique entachée par des affaires judiciaires, a gagné son référendum. Il a réussi son pari. Son parti progresse au Parlement. Le Likoud obtient son meilleur score depuis seize ans, mais ce succès est avant tout le sien. Le dépouillement de la quasi-totalité le donne nettement vainqueur. Avec 26 % des voix, le Likoud obtiendrait 35 sièges sur 120 au Parlement dans ce scrutin à la proportionnelle. Le nouveau parti de centre droit Bleu et Blanc, créé par Benny Gantz et Yair Lapid, est légèrement devancé. Il pointe en seconde position avec 25% des suffrages et un nombre équivalent de députés mais cette percée ne lui permet pas d'être en mesure de rivaliser avec la droite pour former un gouvernement. La différence de voix entre les deux formations est infime puisqu'elle est de quelques milliers de voix mais les alliés potentiels de Benny Gantz sont en pleine déconfiture. Le parti travailliste, celui des fondateurs de l'Etat hébreu, n'obtiendrait que 6 sièges, la pire performance depuis sa création, et le petit parti de gauche, le Meretz n'est pas encore certain d'avoir une représentation au Parlement. Record de longévité Israël penche résolument à droite. Avec un total de cinq partis de droite et des partis ultra-orthodoxes qui ont réussi à obtenir 32 sièges ensemble, Benyamin Nétanyahou ne devrait pas se heurter à des difficultés insurmontables pour former son équipe gouvernementale dans les prochaines semaines. La bipolarisation des élections qui ont été dominées par le duel entre le premier ministre au pouvoir depuis dix ans et son adversaire ancien chef de Tsahal et novice en politique ont poussé au vote utile. Si la gauche s'effondre, l'ultradroite ne progresse pas. Elle est même devancée par les formations religieuses. Les partis ultra-orthodoxes Shas et United Torah Judaism, avec chacun 8 sièges, arrivent en troisième et quatrième positions. Le parti de la Nouvelle Droite, dirigé par Naftali Bennett et Ayelet Shaked, ne parviendrait pas à franchir le seuil électoral de 3,25%, avec seulement 3,14% des voix. Quant aux libertariens messianiques, ils n'ont fait qu'illusion. Les résultats ne sont cependant pas définitifs et des dizaines de milliers de bulletins des soldats n'ont pas encore été dépouillés. Ils ne devraient guère modifier la donne. Dans une telle configuration, il semble hautement improbable que le président Reuven Rivlin confie dans les prochains jours à un autre que Benyamin Nétanyahou la tâche de former une coalition gouvernementale. Le Premier ministre sortant a célébré sa victoire à Tel Aviv en remerciant «le peuple» de lui avoir offert ce coup d'éclat «magnifique». Il devrait ravir en juillet le record de longévité au poste de premier ministre détenu par David Ben Gourion malgré ses déboires judiciaires. Benny Gantz peut, pour sa part, s'estimer satisfait puisque sa formation a fait jeu égal avec le Likoud. Quelques jours avant le scrutin, Benyamin Nétanyahou a promis d'annexer les colonies israéliennes situées en territoire palestinien. Il a les coudées franches sur le plan intérieur pour s'engager dans cette voie. Une telle annexion scellerait probablement le sort d'un Etat palestinien indépendant coexistant avec Israël.