Il fallait être là pour pouvoir le croire. Samedi, la réalité a devancé la fiction, laissant la Capitale parisienne à feu et à sang. Les gilets jaunes ont envahi Paris, des grandes avenues qui ont marqué l'Histoire de France aux ruelles tranquilles. Les forces de l'Ordre ont été déployées parallèlement, noyant l'horreur dans des hordes de fumigènes. Le réveil le lendemain matin a été difficile. Non, il ne s'agissait pas d'un cauchemar. Les habitants reclus chez eux ont réalisé que la retransmission médiatique était bien en deçà de ce qui s'était passé. Le bilan est terrible. Bris de glace, voitures brûlées, magasins pillés passent d'arrière à avant-goût d'horreur quand on apprend que des grands monuments, emblèmes même des valeurs la République ont été saccagés. Le visage arraché de la Marianne de l'Arc de Triomphe en est sans doute l'apothéose, et est non sans rappeler les gueules cassées par les éclats d'obus ou encore le visage de Robespierre avant d'être guillotiné. On ne peut nier que la manifestation a des accents de Révolution, dont l'Histoire nous a appris que les causes sont souvent des brindilles qui s'embrasent. Celle des gilets jaunes est connue : la hausse du prix de l'essence. Le président a fait passer le message suivant : « Certains pensent à la fin du mois, d'autres pensent à la fin du monde », atténuant la complexité des enjeux géopolitiques. À un message qui se voulait plutôt pacifiste, les événements ne sont pas déroulés comme Emmanuel Macron les avait imaginés, ce dernier pouvant paraître idéaliste, naïveté de façade ou arme habile des populistes ? Depuis son élection, le Président marque une rupture avec la fonction présidentielle antérieure. Le contraste entre les pouvoirs qu'il s'octroie, avec le Congrès de Versailles digne d'un couronnement royal, et une attitude rompant avec les codes de l'Elysée, mélangeant tutoiement et selfie, désarçonne. Le Président » sympa » fait passer mesures sur mesures, feux allumés en même tant. Force est de constater, que l'on ne peut pas s'alarmer de tout. Aussi, les français sont pris de court. Pour autant, la hausse de l'essence ne leur a pas échappé. Et la violence des manifestations pensées pacifistes s'accentue semaine après semaine. Le gouvernement empreint d'un certain « populisme de droit divin « est tout à coup confronté à la réalité non seulement économique d'un peuple mais aussi intellectuelle. Ce n'est pas parce que l'on n'arrive pas à finir ses fins de mois et que l'on n'a pas fait l'ENA, qu'on est dupe. «Emmanuel», comme il est courant de l'appeler, met à mal La République démocratique dans ses valeurs. Et si ce n'était que le début ? Et si la tragédie d'hier, était bien plus que l'expression d'une colère concernant une réforme mais de celle d'une nouvelle façon de gouverner où un homme se réapproprie La République, la réinventant à son image et opérant de ce fait une révolution « pacifiste ». Il a peut-être sous-estimé le peuple français, lui qui leur expliquait il y a peu qu'il suffisait de traverser la rue pour trouver du travail. Un autre message a apparemment été décrypté. Une question se pose : Le 1 er décembre 2018, entrera-t-il dans les livres d'Histoire comme l'avènement d'une contre-Révolution macroniste ?