12 ans de prison ferme pour violences sexuelles. C'est la peine attribuée au patron de presse marocain Taoufik Bouachrine lors de son procès dans la nuit du 9 au 10 novembre dernier. Reporters sans frontières (RSF) dénonce «un verdict entaché de doute». Le directeur du quotidien indépendant Akhbar al-Yaoum avait été arrêté en février dernier puis incarcéré avant d'être jugé par la chambre criminelle de la Cour d'appel de Casablanca pour «traite d'êtres humains», «abus de pouvoir à des fins sexuelles» et «viol et tentative de viol», griefs abandonnés au profit de celui de «violences sexuelles». L'ONG internationale dénonce «une volonté d'acharnement judiciaire contre un journaliste dont l'activité professionnelle lui a déjà valu de nombreux démêlés avec les autorités», allant jusqu'à soupçonner que «cette affaire ait été montée». Lire aussi : Benabdellah, Benkirane, Moulay Hicham... la défense des victimes n'apprécie pas les soutiens de Bouachrine S'appuyant sur des éléments tels qu'une procédure accélérée obtenue par le Parquet, des parties civiles apparemment sous pression des autorités et qui se récusent en cours de procès, la proximité d'une partie civile avec un membre du gouvernement mis en cause par le journaliste, le rejet de demandes de contre-expertises formulées par la défense, le procès apparaît trouble et confus aux yeux de RSF. Lire aussi : Condamnation de Bouachrine: Moulay Hicham qualifie le procès de politique En 2009, Taoufik Bouachrine avait déjà fait l'objet de poursuites pour une caricature jugée irrespectueuse de la famille royale et du drapeau national, en 2015 pour un article attentatoire "à la réputation du Maroc", et début 2018 pour "diffamation" à l'encontre de deux ministres. Pour rappel, le Maroc se situe à la 135e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse en 2018.