Le lendemain de la projection de The House That Jack Built, le cinéaste s'est félicité du dégoût inspiré par son film, présenté hors compétition. Le Danois a par ailleurs multiplié les déclarations indécentes. Génie de la subversion ou serial killer en puissance? «J'aurais fait un grand serial killer». De retour à Cannes, sept ans après des propos controversés sur Hitler, Lars von Trier a fait dans la provocation mardi, au lendemain de la projection de The House That Jack Built, son dernier film, dont la violence frise l'insoutenable. Visiblement tremblant, admettant que son «propre enfer est l'anxiété», le réalisateur danois s'est déclaré heureux que tant de personnes aient quitté la salle, écœurées par son personnage principal, un tueur en série incarné par Matt Dillon: «Si vous tuez un enfant, ça doit être perturbant». Meurtres d'enfants, femme aux seins découpés puis transformés en porte-monnaie, la caméra de von Trier ose tout: «J'essaie toujours d'aller loin. Ce serait malhonnête de ne pas le faire. Les choses qui arrivent dans la vraie vie, qui est pire, devraient et pourraient être filmées», a-t-il insisté, estimant qu'il «aurait fait un grand serial killer». «J'avais assez de contrôle sur moi pour ne pas prendre cette direction. Je n'ai jamais tué personne, mais si je devais le faire, ce serait un journaliste», a-t-il conclu, sirotant sa bière, dans une villa cannoise, devant un groupe de journalistes. Palmé à Cannes en 2000 avec Dancer in the Dark, Lars von Trier a reconnu avoir sondé les tréfonds de son âme, noire, pour créer son protagoniste: «Je mets de moi dans tous mes personnages. Mais pour Jack c'est évident. Il se voit comme un artiste, moi aussi». Mais ce film n'est pas une réponse au phénomène #MeToo, a insisté le réalisateur, lui-même mis en cause par Björk, son actrice principale dans Dancer in the Dark : «Le problème (de ce mouvement), c'est que les gens sont condamnés sans le moindre juge», a-t-il accusé, niant une nouvelle fois avoir harcelé la chanteuse islandaise. Lire aussi: Vidéo. #Metoo: quand un réalisateur marocain donnait sa définition du harcèlement sexuel «Très blessé» d'avoir été déclaré persona non grata en plein Festival, en 2011, pour ses «blagues» sur Hitler, lors de la conférence de presse de Melancholia , Lars von Trier a dénoncé le sentiment de culpabilité des Français sur le sujet de la Seconde Guerre mondiale: «J'ai été très naïf, parce que la France a un gros problème avec son passé, vous savez, le gouvernement de Vichy, qui a livré les juifs». «Cela aurait été mieux si (j'avais blagué sur Hitler) en Allemagne», a-t-il lâché, arguant sans nuance que même Harvey Weinstein n'a pas été déclaré «persona non grata» malgré les accusations de harcèlement sexuel et de viols par une centaine de femmes.