L'exploration du désert d'Atacama emmène cette année les concurrents du Dakar à Arica, dernière ville avant la frontière péruvienne. Pour ce gros morceau de désert avant la journée de repos, le menu est copieux en dunes, dont la dimension augmente au fil des jours. Mais tout au long de la spéciale, les pilotes connaîtront une alternance de sensations. Après avoir surfé dans les dunes, la plupart enrageront dans les inévitables zones de fesh-fesh, que l'on appelle aussi « guadal » dans cette partie du monde. Pour les parties de slalom entre poussière et herbes sèches, la patience reste la meilleure alliée. Isabelle Patissier et Thierry Delli Zoti ont vécu une journée plus tranquille après leurs déboires de la veille. Isabelle nous confie: « Hier nous avons été victimes d'incidents mineurs mais qui nous ont retardés. Le Buggy est tout neuf, c'est sont premier rallye. La piste est un banc d'essais impitoyable. A l'attaque dans la poussière, nous n'avons pas vu une fosse et nous avons détruit une jante et un bras de suspension. Il nous a fallu réparer au bord de la piste littéralement défoncée par les camions. Ensuite nous avons roulé plus prudemment pour que la réparation provisoire puisse nous permettre de rallier l'arrivée. Hélas, les conditions de piste étaient terribles. Il a fallu se battre pour trouver les waypoints. Passer les dunes de nuit est toujours une expérience épuisante mais à force de volonté, nous sommes sortis de la spéciale vers 2H00 du matin. Dans tous les cas, j'étais tellement décidé à terminer l'épreuve que j'aurais porté la voiture s'il le fallait. Aujourd'hui, en revanche, on a parfaitement roulé, et nous terminons à la 20ème place. » Une excellente performance. Le classement du buggy « Hope Funds » 20ème de la spéciale avec 2h44 de retard sur le leader Carlos Sainz, et au général 38ème à 15h38 du premier. Le Team Dessoude Outre son sponsor principal, Hope-Funds, Isabelle fait partie du Team Dessoude. Elle bénéficie de la logistique et de l'assistance de cette équipe bien rodée. André Dessoude, surnommé « le sorcier de Saint-Lo », a effectué son premier Dakar en 1983. Il a parcouru tous les déserts du monde et son expertise est unique. Il nous explique : « Pour bien comprendre les difficultés qui assaillent nos équipes, il faut savoir que les pistes, lorsqu'il y en a, sont très peu utilisées et le passage des camions de course les creusent exagérément. Elles deviennent de véritables pièges de fesh fesh, un sable très fin qui engloutit les voitures jusqu'à littéralement les enterrer. Les équipages peuvent mettent des heures à pelleter des m3 de sable pour s'extirper de zones plus difficiles qui font parfois quelques dizaines de mètres. Et puis il y a les dunes, qu'il faut savoir lire pour choisir les passages plus stables, plus durs afin trouver des passes. Une voiture normale ne survivrait pas plus d'une heure. Heureusement, nos préparations sont fiables et solides car dans ces conditions, les embrayages, les transmissions sont rudoyées, les moteurs surchauffent. Demain, c'est enfin la journée de repos. Nous allons pouvoir procéder à de lourdes opérations de maintenance. Cette fois-ci, ce ne sont pas les pilotes qui feront la course mais les mécaniciens… » André Dessoude. Demain, journée de repos pour les équipages et journée d'enfer pour l'équipe d'assistance. Il leur faudra en effet tout démonter, tout réviser pour la seconde partie du rallye et tout particulièrement les deux prochaines étapes disputées sur des pistes oubliées de dieu et des hommes… Profitant de la journée de repos, Isabelle nous envoie un compte rendu de cette première semaine du Dakar. Nous vous le livrons ici en intégralité : « Bonjour à vous toutes et à vous tous qui nous suivez et nous soutenez depuis le départ de Buenos Aires. Ça y est, nous sommes à la journée de repos, à la frontière avec le Pérou. Une semaine de course s'est déjà déroulée et déjà tant de belles images dans la tête. Et tout d'abord, le départ de la course de Buenos Aires, impressionnant tellement les Argentins sont des fervents de sport auto. Je pense que tout le pays était dehors pour voir s'élancer le rallye. Impressionnant de voir tous ces sourires, tous ces regards pétillants. Merci à tous les argentins pour leur soutient et leurs encouragements. Puis rapidement nous sommes rentrés dans le vif du sujet puisque les premières Spéciale se sont déroulées en majorité sous la pluie, et les pistes étaient quelque peu détrempées. Ça tombe bien, comme nous n'avions pas de portes, les douches et les vagues de boue ont envahi rapidement l'habitacle. Heureusement, le buggy se comporte très bien et se pilote à merveille. Il nous a permis de nous placer dans le wagon des 25 premiers : condition essentielle pour pouvoir rouler sereinement. Dès la 4ème Spéciale, les camions rejoignent le classement auto et en partant 23ème, nous avions déjà 7 camions devant nous sur la grille de départ. Je vous laisse imaginer l'état de la piste.... La guerre du feu tellement les tranchées se creusent à une allure vertigineuse après le passage de seulement quelques camions. Un peu de regrets, nous avons quitté l'Argentine et tous ses supporters pour passer la Cordillère des Andes et rejoindre le Chili. Pendant toute la liaison, les décors sont absolument féeriques. Les territoires sont gigantesques et à perte de vue. Pas un habitant à l'horizon. Par contre, qu'est ce que l'on a eu froid. 4800m d'altitude sans fenêtre, et avec notre seule petite combinaison de pilote, nous n'avions pas l'air malin. La première Spéciale chilienne nous a pris de court car à plus de 3500m d'altitude, le moteur n'était pas au mieux de sa forme et nous avons un peu ramé sur les premiers 100 km puis ensuite, en revenant à une altitude plus clémente, le moteur a repris du poil de la bête. Le rallye a vraiment commencé avec la 5ème et la 6ème Spéciale et comme un fait exprès, nous avons galéré dans cette fameuse Spéciale. Tout a commencé au kilomètre 80 lorsque j'ai vu que le capot-avant commençait à battre de l'aile : attache capot cassé. Il a fallut s'arrêter reficeler tout ça et repartir. Malheureusement, 2 concurrents nous avaient doublés et nous avons attaqué les Ornières de fesh-fesh dans la poussière des concurrents précédents. Ce qui devait arriver, arriva... Nous sommes tombés dans un trou. Verdict : la roue avant couchée, flexible du frein arraché et de précieuses minutes de perdues. Puis la loi des séries se vérifiant dans une montée en fesh-fesh, nous avons cassé la transmission à l'arrière-droit. Re-verdict; séance de mécanique et de nouveau, beaucoup de perte de temps et arrivée dans les 100 derniers kilomètres de nuit avec des passages dantesques. Après chaque dune, nous voyons les camions couchés sur le flanc, des motos dans tous les sens, et des autos qui tentent désespérément de franchir les grandes dunes. Nous avions 2 solutions : ou s'arrêter là et attendre la levée du jour ou tenter coûte-que-coûte de rentrer au bivouac. Version plus confortable car on savait que Freddy pourrait prendre en charge la voiture pour la préparer pour la grosse Spéciale qui suivait. Nous sommes finalement arrivés au bivouac à 2h du matin pour la 6eme Spéciale. Comme nous partions un peu loin , nous avons eu un certain nombre de voitures , motos et camions à doubler . Mais finalement en adoptant un bon rythme de croisière, nous avons réussi à faire une Spéciale sans encombres et nous sommes là; maintenant, à la journée de repos en train de se reposer pour préparer la 2ème semaine qui semble tout aussi intense que la première. Freddy est en train de nous refaire presque à neuf le buggy et nous profitons de la journée pour profiter un peu de ne rien faire et nous conditionner pour la suite des opérations. Demain, la Spéciale devrait ressembler un peu à celle d'hier en plus long. Après-demain, la fameuse boucle COPIAPO dans le sable et ensuite on retraverse la Cordillère et nous revenons en Argentine pour retrouver notre fidèle public et les fameuses dunes blanches de FIAMDANA, puis route direct sur Buenos Aires via CORDOBA. J'espère que vous arrivez à nous suivre via le communiqué de presse quotidien, enfin que l'on essaye de maintenir quotidien !!! Mais parfois, nous sommes encore en Spéciale lorsqu'il faudrait envoyer des infos. Heureusement Lionel nous suit à la loupe, relayé par Marc au Maroc, et dès que possible, il vous envoie des infos. A très bientôt. Nous vous souhaitons un bon week-end et rendez vous pour la suite dès demain. » Isabelle ¨Patissier. Dimanche 9 janvier, étape Arica – Antofagasta (Chili) Liaison, 208 km Spéciale, 611 km Les concurrents reprennent du service avec la plus longue spéciale du rallye, qui marque l'entrée dans la séquence la plus sélective. Deux secteurs chronométrés distincts sont proposés, avec un parcours dédoublé pour celui du matin. Les motards auront droit à un tracé typé enduro sur une quarantaine de kilomètres : même les plus solides physiquement sortiront exténués de cette excursion dans les canyons. L'arrivée du premier tronçon est jugée au bord de l'Océan : les véhicules y plongent après une série de dunes et une descente particulièrement raide dans le final. Les pistes du deuxième secteur sont plus rapides, et les pilotes seront applaudis sur un autodrome à l'arrivée de la spéciale. Marc d'Haenen, correspondant du Dakar.