Même s'ils sont peu nombreux, les Marocains sont bien présents en Grèce. Selon les estimations, la diaspora marocaine compterait à peu près 3.500 personnes dont 3.000 sont inscrits auprès de l'ambassade. « Dans 70% à 80% des cas, il s'agit de personnes en situation irrégulière, nous n'avons donc pas de statistiques », explique Chafik Cherqaoui, chargé des affaires consulaires. Des Marocains qui choisissent la Grèce comme pays de transit afin de migrer vers d'autres pays d'Europe moins touchés par la crise. Dans l'attente de ce départ, ils se concentrent essentiellement sur les îles afin de travailler dans le secteur agricole ou dans les services. Là encore, aucun chiffre officiel puisque dans la plupart des cas ils travaillent au noir, selon notre interlocuteur. Il existe cependant une petite communauté de Marocains installée réellement en famille : « il y a aussi des médecins qui, par liens de mariage ou autre, sont venus vivre en Grèce », souligne Khalid Sebti, adjoint de l'ambassadeur du Maroc en Grèce. Dynamiser les échanges entre le Maroc et la Grèce, deux pays à fort potentiel Pour lui, les Marocains en situation irrégulière ont un profil particulier : « Dans la plupart des cas, ce sont des jeunes nés entre 1986 et 1998, qui viennent même parfois d'un même quartier au Maroc et souhaitent rejoindre le Nord de l'Europe. Ils sont originaires de la région de Casablanca, Khouribga et des petites villes mitoyennes. » Selon le chargé des affaires consulaires, la migration des Marocains vers ce pays est très récente. « Les Marocains ont commencé à s'installer en Grèce dans les années 70 et les arrivées se sont accentuées dans les années 80 au moment de l'adhésion de la Grèce à l'UE. Un moyen pour ces Marocains d'aller vers d'autres pays de l'UE. » Des départs beaucoup plus fréquents depuis 2008 lorsqu'a éclaté la crise économique dont les conséquences se font encore ressentir aujourd'hui, « la Grèce reste seulement une étape, une escale. Ça devient un pays de transit », soutient Chafik Cherqaoui. Du point de vue économique, il est à savoir que la Grèce est un leader mondial dans le secteur du transport maritime. « C'est la première flotte maritime mondiale », souligne Aïcha Sinaceur, conseillère en questions économiques auprès de l'Ambassade du Royaume du Maroc. « Un deuxième secteur qui est générateur de ressources, c'est l'énergie. Ensuite il y a l'agriculture, qui est un secteur clé ici en Grèce », poursuit-elle. En ce qui concerne le tourisme entre les deux pays là encore pas de données exactes même si la Grèce devient une destination de plus en plus prisée par les Marocains. Ces derniers sont de plus en plus séduits par la destination notamment par Mykonos ou encore Santorin. Cela dit Chafik Charqaoui explique aussi qu'énormément de Marocains vivant dans différents pays d'Europe affluent également en Grèce pour les vacances. Un pays qui fait rêver et qui reste plutôt abordable. Rassembler les Marocains de Grèce Plusieurs initiatives sont mises en place par les deux pays pour booster et dynamiser les échanges. Dans un premier temps, au niveau culturel par exemple, une coopération d'échange des jeunes marocains et grecs existe déjà. Un projet renouvelé chaque année, et pensé par le ministère marocain de la Jeunesse et des sports et la Banque Centrale grecque. De même, cette année devrait voir le jour un conseil des affaires maroco-grec qui viendra donner un nouveau souffle aux échanges notamment économiques qu'entretiennent les deux pays puisque très pauvres. Une autre question a été soulevée par Khalid Sebti, la question de l'organisation. « La communauté marocaine en Grèce n'est pas organisée en association. Elle ne dispose pas non plus d'un lieu de réunion ou de rassemblement. Les associations sont rares et les mosquées, inexistantes : La Grèce est le seul pays de l'UE à ne pas posséder de lieu de culte musulman, il existe des lieux clandestins mais aucune mosquée », déplore le diplomate. L'ambition première aujourd'hui pour l'ambassade est donc de créer ce lien et mobiliser les Marocains pour structurer leur action et être plus organisés. Ceci permettra d'abord, selon Khalid Sebti, aux Marocains de vivre mieux dans le pays d'accueil mais aussi pour l'ambassade de coordonner des actions avec la communauté.