La présidente de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA), Mme Latifa Akharbach, a affirmé, mardi 26 mars à Marrakech, que les opérateurs médias, notamment les radios et télévisions publiques comme les instances de régulation, sont appelés à s'adapter aux multiples mutations induites par l'accélération du changement technologique. "ce qui nous attend est à la fois lourd et passionnant", a dit Mme Akharbach, qui intervenait lors d'un Forum de l'Union Africaine de Radiodiffusion (UAR). Et de souligner que le premier défi pour les opérateurs médiatiques est celui des transformations de la chaîne de valeur du secteur audiovisuel qui ne se construit plus comme initialement, autour de fonctions distinctes (création, production, édition et distribution), ajoutant que si les radios et les télévisions ont compris qu'elles ne pouvaient plus faire l'économie d'une présence sur le net, elles sont, cependant, loin d'avoir appréhendé tous les aspects et toutes les problématiques liés à cet effacement des frontières entre les médias et entre les technologies.
Elle a, en outre, fait savoir que les régulateurs sont également interpellés par les innombrables évolutions induites par la déferlante des nouveaux médias et des nouvelles technologies, notant qu'ils sont appelés, dans le cadre de leur action et dans la stricte observance des principes de la liberté d'expression et de la communication, à multiplier les points de vigilance et ce, à différents niveaux et sur diverses questions. Rappelant que la révolution numérique a engendré une succession de convergences (convergence technologique, convergence des médias, convergence du contenu) qui a bouleversé les processus de production, de marketing des produits, d'offre et de consommation des services d'informations et de communication, Mme Akharbach a soutenu que "ce qui nous attend est à la fois lourd et passionnant". "Sur notre Continent, la régulation des médias est, malgré de nombreux acquis, encore aux prises avec de grandes contraintes alors qu'elle doit faire face à des défis d'une importance stratégique pour nos pays et nos peuples", a-t-elle relevé, tout en exprimant la disposition de la HACA, en tant que régulateur marocain et en sa qualité de vice-président du Réseau des Instances Africaines de Régulation de la Communication-RIARC, à "promouvoir les synergies et les échanges au sein de notre réseau pour nous renforcer mutuellement". Elle a, dans ce sens, souligné l'importance d'œuvrer de concert pour "consolider nos capacités à nous projeter dans l'avenir et à formuler et mettre en place la meilleure réponse, non seulement à l'évolution technologique des médias, mais surtout et en priorité absolue, à l'aspiration des citoyens africains au renforcement de la démocratie, de la bonne gouvernance et de la transparence dans nos sociétés". De son côté, la présidente de l'UAR, Mme Keitirele Mathapi a indiqué que cette rencontre se veut une occasion pour identifier les tendances et les points de convergence, et explorer les partenariats et les opportunités de coopération susceptibles de favoriser une situation gagnant-gagnant pour tous dans l'écosystème de la technologie numérique. L'UAR continuera de relever les défis auxquels est confrontée l'industrie de la radiodiffusion à l'échelle du Continent, a-t-elle noté, soulignant l'engagement de l'Union à développer cet écosystème et à répondre à toutes les préoccupations et questions qui émergent en raison du dynamisme de l'industrie. Elle a, dans la foulée, insisté sur la nécessité de conjuguer les efforts pour faire face à ces défis et trouver des solutions durables pour le bien-être et le développement du Continent. Pour sa part, le directeur juridique au sein de la Société Nationale de Radiodiffusion et de Télévision (SNRT) et vice-président de l'UAR, Zakaria Hachlaf a fait remarquer que le choix du Maroc pour abriter les travaux de l'Assemblée générale de l'UAR (27-28 mars) vient renforcer l'esprit de cette instance en tant qu'Union des radiodiffuseurs, un leader qui contribue à l'amélioration de la qualité de vie et projette une image réelle de l'Afrique. Pour donner au Continent la force de se hisser à sa place légitime sur la scène internationale, l'UAR est appelée plus que jamais à soutenir la qualité de vie africaine et le développement du Continent, à travers la diffusion d'excellents programmes, et à fournir des services pour l'Afrique et sa diaspora, a-t-il estimé. "Il est nécessaire d'adapter nos méthodes, nos programmes, nos modes de diffusion et nos principes de gestion et de management pour continuer à remplir au mieux le rôle fédérateur, pédagogique, démocratique et culturel dont nous sommes investis", a-t-il dit, ajoutant qu'il en va de même pour la création d'un fonds panafricain pour la production audiovisuelle, qui sera un véritable levier pour le financement des productions, notamment dans le domaine du cinéma et de la fiction en général. Il a, dans ce sens, expliqué que "le défi pour nous tous est d'être présents aussi bien sur le marché audiovisuel traditionnel que sur celui du digital, puisque ce dernier est en train de prendre du terrain par rapport à la télévision". Au menu de cette rencontre, figuraient notamment des exposés sur "les réglementations des secteurs de l'audiovisuel à l'heure de la convergence" et "les réglementations des secteurs des télécommunications à l'heure de la convergence", outre la présentation des expériences des régulateurs dans certains pays africains (Maroc, Côte d'Ivoire, Cameroun, Tchad, Togo et Burkina Faso).