La machine économique marocaine est "en panne". Ralentissement du taux de croissance, investissements en décrue, repli des opportunités d'emploi, baisse du taux d'épargne nationale ...Ahmed Lahlimi dresse un tableau plutôt sombre de la situation économique en 2018 et ses perspectives 2019. C'est une sonnette d'alarme préoccupante que tire le Haut commissaire au Plan. 2019 démarre passablement pour l'économie nationale, à en croire le diagnostic établi par Ahmed Lahlimi, lors d'un point de presse tenu mercredi 16 janvier au sujet de la situation économique au cours de l'année écoulée et des perspectives tracées pour 2019. Le constat se fonde sur une batterie d'indicateurs macroéconomiques, à leur tête, une prévision de croissance du PIB maintenue à 2,9% au lieu de 3% attendus en 2018. Lahlimi table sur un ralentissement de l'activité agricole, établie en 2019 à +0,1% après +3,8% en 2018. Tandis que les activités non agricoles devraient connaître une lente reprise, estimée +3,1% contre +2,9% en 2018. Par ailleurs, la demande intérieure (consommation des ménages et investissement principalement) continuerait de tirer vers le haut la croissance, avec une hausse de 3,4%, portant sa contribution à la croissance du PIB à 3,8 points. Une part contrastée avec la contribution toujours négative du commerce extérieur à la croissance évaluée à -0,8 point en 2019, résultat du repli du taux de croissance du volume des exportations et la demande croissante en importations. Pour ce qui est de l'inflation, celle-ci demeure faible. Ahmed Lahlimi prévoit un taux à 1,2% contre 1,6% en 2018. Le ralentissement de la croissance en 2019 impactera négativement les créations d'emplois. Le taux de chômage devra grimper de ce fait pour atteindre 10,1% contre 10% en 2018, une hausse atténuée par la baisse attendue du taux d'activité. S'agissant du taux d'épargne nationale, le haut commissaire au Plan s'attend à un essoufflement avec un taux estimé à 27,7% du PIB contre 28% en 2018. Le besoin de financement de l'économie nationale devra pour sa part se dégrader. Celui-ci s'établirait à 4,3% du PIB contre 4,5% en 2018. Le déficit budgétaire pourrait s'atténuer, passant de 3,7% du PIB contre 3,9% en 2018, tandis que le taux d'endettement public devra légèrement hausser passant de 82,5% du PIB contre 82,2% en 2018. Face à cette performance peu reluisante, Ahmed Lahlimi, Haut commissaire au plan, préconise un rééquilibrage entre demande intérieure et extérieure tout en soutenant les revenus des ménages. Un chantier dont le financement s'appuie essentiellement sur un renforcement de l'épargne nationale comme alternative à l'endettement public. En dépit d'un endettement public de plus de 82% du PIB et un taux d'investissement de plus de 30%, porté principalement par l'Etat, l'investissement ne génère que peu de créations d'emplois. Ahmed Lahlimi appelle au déploiement d'une meilleure gouvernance de l'action publique dans ce domaine et en soutenant davantage les investissements productifs dans l'agriculture, l'industrie, les services à valeur ajoutée. Ce sont principalement les PME-TPE qui doivent investir et saisir ce potentiel. Les PME, qui constituent plus de 95% du tissu productif, ne participent toutefois qu'à 4,7% à l'investissement global.