Dans un rapport sur les méthodes utilisées par les autorités belges pour lutter contre le terrorisme, Human Rights Watch condamne le traitement inhumain subi par la communauté musulmane, dont font partie de nombreux citoyens d'origine marocaine. Intitulé « Sources d'inquiétude : Les réponses antiterroristes de la Belgique suite aux attentats de Paris et Bruxelles », le document revient sur les conséquences des dérives des nouvelles lois antiterroristes. L'organisation estime qu'en Belgique, près de quatre-cinquième des personnes identifiées par les autorités comme ayant rejoint ou ayant tenté de rejoindre Daech sont d'origine marocaine. Le rapport fait savoir que les marocains représentent 6% de la population musulmane résidant en Belgique. Cette communauté était arrivée dans les années 60 et 70 sur le sol belge pour travailler dans les mines, dans les usines et dans le secteur de la construction, explique le rapport, notant que la moitié de cette dernière vit sous le seuil de pauvreté. Par ailleurs, Human Rights Watch met en avant dans son enquête les aspects de force excessive, souvent associée à des menaces verbales, lors de perquisitions, arrestations et détentions depuis les attaques de Bruxelles et Paris. Sur 26 cas sondés, qui n'ont pas été inculpées mais qui auraient été victimes de comportements abusifs ou discriminants de la part de la police fédérale belge, les suspects ou leurs avocats révèlent la prolifération de paroles xénophobes et les amalgames faits à l'encontre des suspects, à savoir « Sale arabe ! » ou « sale terroriste ». Dans 10 cas, tous étaient musulmans et tous, sauf deux, d'origine nord-africaine.. Autre aspect, d'abus, l'isolement. Tous les prisonniers accusés ou reconnus coupables d'infractions liées au terrorisme sont placés à l'isolement par les autorités pénitentiaires pendant une longue période. Selon HRW, des prisonniers dont des marocains sont restés isolés pendant 10 mois. Un traitement jugé cruel, inhumain et dégradant par l'organisation. L'ONG n'a pas manqué d'émettre une série de recommandations envers les autorités belges, notamment mettre fin à l'isolement de longue durée pour les prisonniers. De son côté, le gouvernement fédéral belge assure vouloir rester « fermement résolu à protéger » les droits humains dans le cadre de sa réponse au terrorisme, rapporte le site de HRW, citant une lettre du gouvernement, envoyée directement en réponse à cette enquête. Selon les instances dirigeantes, la Belgique enquêtait sur « un certain nombre d'incidents » de « violence verbale ou physique » présumée de la part d'agents de police au lendemain des attaques, mais « il s'agit d'incidents isolés et ce n'est en aucune façon le résultat d'une politique délibérée ».