Comme à l'accoutumée depuis déjà quatre siècles, la ville de Salé vit au rythme du Moussem des cierges en commémoration de l'Aid Al Mawlid Al-Nabawi Achcharif. Les habitants de cette ville ancestrale ont ainsi ressuscité lundi cette tradition qui traduit un inconditionnel attachement à leurs coutumes et à leur civilisation. La procession des cierges, qui est partie après la prière d'Al Asr de la porte séculaire "Bab Bouhaja" au Mausolée de Sidi Abdellah ben Hassoun, a déambulé par les principales artères de la ville où le défilé a été suivi par une foule nombreuse tout au long de l'itinéraire du cortège marqué par la participation de plusieurs groupes folkloriques venus de tout le Royaume. Organisée sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, cette manifestation qui demeure l'apanage de la ville de Salé draine de plus en plus de visiteurs et de touristes étrangers. Ainsi, des cierges ont été portés par des hommes vêtus d'habits brodés, qui défilent dans un rythme qui sent l'épaisseur d'une histoire riche d'une longue tradition des Chorfas hassouniyine. Les cierges, qui pèsent 50 kilogrammes, forment une mosaïque sur des structures en bois représentant des minarets ou des ruches d'abeilles. Ce moussem organisé annuellement depuis quatre siècles par les Chorfas Hassouniyines revêt des aspects religieux, artistique et culturel. Cette tradition remonte au règne du Sultan saâdien Ahmed El Mansour Addahbi, qui avait été très impressionné, lors de son séjour à Istanbul (Turquie) par les festivités de l'Aïd Al Mawlid Al-Nabawi, particulièrement par la procession des cierges. En l'an 990 de l'hégire, Salé avait organisé son premier moussem du genre, avec une procession de cierges en couleurs chatoyantes, dont la conception et la réalisation par les maîtres artisans requièrent finesse et originalité. Et c'est ainsi que naquit, sur la rive droite de Bouregreg, ce prestigieux et pittoresque Moussem de Sidi Abdellah Benhassoun, que les générations se sont relayées pour le faire revivre tous les ans. A l'instar des adeptes de Sidi Abdellah ben Hassoun à Salé, les dignitaires religieux de la Tarika Mashishiya-Chadilia, dans la région du Nord, ont aussi ressuscité cette tradition en se rememorant la personnalité et le message du saint de Jbel Alam, icône du soufisme. Aid Al-mawlid était ainsi l'occasion pour réunir divers dignitaires spirituels lors de soirées de Dikhr, de Samaa et de prières au site même du sanctuaire de Moulay Abdeslam Ben Mchich, à Jbel Alam, à la manière de diverses confréries, telles que la Boutchichiya, la Harrakiya, la Cherkaouiya et la Ouazzania. Moulay Abdeslam Ben Mchich Alami et son disciple Chadili sont entourés d'une aura de mysticisme dans le subconscient collectif marocain. Moulay Abdeslam, qualifié de saint des saints, à tel point que visiter sept fois son mausolée équivaut à un pèlerinage à La Mecque, est peu connu dans certains aspects de sa vie. Né en 1140, ce dernier est originaire de la région de Beni Aross, une des tribus du Nord. Il a étudié avec les plus grands maîtres de l'époque: Sidi Salim, Ahmed Al Qatrani, etc. Mais c'est Alzayyat qui l'initie au soufisme. Il décida alors de s'installer au sommet de la montagne Jbel Alam (qui signifie sage ou encore monde). Il fut assassiné à l'âge de 83 ans après avoir transmis son savoir et son message à son disciple, Chadili, qui se chargea de le diffuser au monde.