La coopération entre l'Afrique et l'Europe en matière de migration ne peut être exclusivement sécuritaire, au risque de donner lieu à une externalisation du contrôle de ses frontières, a affirmé, vendredi, Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale. ''La migration n'est pas une problématique sécuritaire, c'est une question de sécurité humaine'' a-t-il insisté s'adressant aux journalistes africaines des médias d'une cinquantaine de pays africains, qui participent à la deuxième édition du Forum les ‘'Panafricaines'', dont les travaux, de deux jours, ont été ouverts vendredi à Casablanca. A cet égard, certaines "bonnes mauvaises idées" sont dangereuses, a-t-il fait observer, évoquant notamment les "centres de débarquement de migrants" qui, ‘'au-delà de leur incapacité à répondre au symptôme, infectent le socle des valeurs qui sous-tendent la condition même d'humain''. M. Bourita a fait observer, à ce sujet, que ces idées sont ‘'non seulement inefficaces, mais également contre-productives, courtermistes et inévitablement dangereuses'', soulignant notamment que le Maroc ‘'n'a jamais été, n'est pas et ne sera jamais le gendarme de qui que ce soit''. Il a, en outre, noté qu'à ‘'ces solutions de facilité'', le Maroc oppose une approche humaniste et solidaire adoptant à partir de 2014 une politique d'immigration et d'asile, pionnière dans la région. ‘'Cette politique migratoire favorise l'intégration durable des migrants. Elle touche à la fois à l'éducation, la santé et l'emploi, avec une attention spécifique aux femmes migrantes'', a souligné M. Bourita. Cette politique a permis, à travers 2 campagnes de régularisation lancées en 2014 et en 2017, de régulariser plus de 50.000 personnes, parmi lesquels 95% sont des ressortissants de pays africains, dont 18.819 migrantes femmes, a-t-il poursuivi, rappelant qu'au total, plus de 60 000 dossiers ont été reçus et traités à un taux de satisfaction de plus de 80%''. Selon M . Bourita, c'est dans ce même esprit que s'inscrit, au niveau continental, l'Agenda Africain pour la Migration, qui encapsule la Vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et la porte au sein de l'Union Africaine. Une des propositions concrètes de cet Agenda est l'Observatoire Africain des Migrations présenté par Sa Majesté, a-t-il ajouté, rappelant que cette institution panafricaine basée à Rabat aura pour noble mission de ‘' comprendre, anticiper et agir‘' devenant ainsi l'incarnation d'un afro-optimisme pragmatique. Cet afro-optimisme, qui est à la base de la politique migratoire du Royaume, est aussi au cœur de la Vision que le Maroc a défendue tout au long des négociations sur le Pacte Mondial pour des Migrations Sûres, Ordonnées et Régulières, qui sera adopté lors de la Conférence de Marrakech, les 10 et 11 décembre prochain, a-t-il dit. Après avoir noté que ‘'quels que soient les efforts et quels que soient les acquis, l'Afrique restera écrasée sous le poids de sa propre image, aussi longtemps qu'elle lui échappera'', M. Bourita a fait remarquer que l'Afrique, qui a à cœur d'écrire sa propre Histoire, gagne, aussi, à façonner sa propre image. ‘'Aujourd'hui, l'image de l'Afrique est importée. Elle est fabriquée dans les rédactions d'ailleurs, chargée en stéréotypes, parfois en idéologies, et pourtant intégrée et consommée en Afrique, par les africains eux-mêmes'', a-t-il relevé, observant que ‘'tant que l'Afrique n'écrira pas son propre récit, nous aurons l'image déformée d'une Afrique qui ne contrôlerait pas sa démographie, qui ne saurait pas tirer profit du dividende démographique; d'une Afrique à feu et sang, en proie aux guerres civiles, au terrorisme et aux luttes intestines ; d'une Afrique où la corruption est endémique, systémique, qui gangrène les sociétés et sape les institutions !'' Portée par Radio 2M, avec le soutien du "Comité Parité et Diversité" du Groupe 2M, cette seconde édition du Forum des ‘'Panafricaines'' se tient sous le thème “Migrations africaines : une chance pour le continent, une responsabilité pour les médias”. Le choix de cette thématique coïncide cette année avec l'organisation au Maroc, en décembre prochain, de la Conférence Internationale sur la Migration (CIM 2018), qui verra l'adoption du ‘'Pacte Mondial pour des Migrations Sûres, Ordonnées et Régulières ‘'. Le forum réunit plus de 120 journalistes de 50 stations de radios, 16 agences de presse, 35 télévisions, 70 supports de presse écrite, 24 médias digitaux tout en cherchant un équilibre entre les médias publics et les médias privé.