Des vagues de chaleur, des extinctions d'espèces, la déstabilisation des calottes polaires et la montée des océans sur le long terme. La planète fait face à un véritable danger et des transformations "rapides" et "sans précédent" doivent être prise, averti les experts climat de l'ONU (Giec). Dans un rapport de 400 pages du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, les scientifiques affirme que si le mercure continue de grimper au rythme actuel, sous l'effet des émissions de gaz à effet de serre, il devrait atteindre +1,5°C entre 2030 et 2052. Et si les Etats s'en tiennent à leurs engagements de réduction d'émissions pris dans le cadre de l'accord de Paris en 2015, ce sera +3°C à la fin du siècle, note le rapport basé sur 6000 études. Toujours selon le rapport, pour rester à 1,5°C, les émissions de CO2 devront chuter drastiquement dès avant 2030 (-45% d'ici 2030) et le monde devrait atteindre une "neutralité carbone" en 2050. "Chaque petit accès de réchauffement supplémentaire compte, d'autant que passer 1,5°C accroît le risque de changements profonds voire irréversibles, comme la perte de certains écosystèmes", explique Hans-Otto Pörtner, co-président de cette session du Giec qui a réuni chercheurs et représentants des Etats toute la semaine dernière en Corée du sud. Selon le rapport, tous les secteurs sont appelés à s'atteler à de "profondes réductions d'émissions": rester à 1,5°C demandera "une transition rapide" et d'une ampleur "sans précédent". Le Giec insiste sur l'énergie charbon, gaz, pétrole étant responsables des trois quarts des émissions. Et propose plusieurs scénarios chiffrés incluant différentes combinaisons d'actions. "Nous avons cherché à voir si les conditions nécessaires pour tenir 1,5°C étaient réunies", résume Jim Skea, de l'Imperial College de Londres. "Et oui, les lois de la physique et de la chimie le permettent, ainsi que les technologies, le changement des modes de vie et les investissements. La dernière chose, à laquelle les scientifiques ne peuvent répondre, c'est si c'est faisable politiquement et institutionnellement. Nous avons remis le message aux gouvernements, nous leur avons donné les preuves, à eux de voir". "Le rapport donne aux décideurs politiques l'information qu'il leur faut pour prendre des décisions tout en considérant aussi les besoins des populations", explique la sud-africaine Debra Roberts, autre coprésidente de cette réunion. "Les années à venir seront les plus déterminantes de notre histoire", estime-t-elle. De son côté, Amjad Abdulla, négociateur en chef de l'Alliance des petits Etats insulaires, affirme que "le rapport montre que nous n'avons plus qu'une occasion, des plus minces, pour éviter des dommages impensables au système climatique qui nous fait vivre ". "Y arriverons-nous à temps? Personne ne sait", dit Kaisa Kosonen, reponsable climat pour Greenpeace. "Ce qui compte maintenant est que nous décidions d'essayer et que nous en fassions notre priorité. Seulement alors aurons-nous une chance de nous protéger des impacts que la science nous annonce."