Autoritarisme, bureaucratie, incompétence.. Autant de fléaux qui entâchent le bon fonctionnement de l'administration marocaine et donc le service offert au citoyen. Le Médiateur du Royaume vient de soumettre au Souverain un rapport sombre de la gestion administrative et ses méthodes de travail. Un peu plus d'un an après le discours du Trône 2017 où S.M. le Roi Mohammed VI avait pointé du doigt certaines pratiques insoutenables observées auprès des fonctionnaires publics, le Médiateur du Royaume vient corroborer cette problématique . Dans son diagnostic, Abdelaziz Benzakour, qui préside cette institution a notamment critiqué la cadence de promotion de la chose administrative qui n'a pas encore atteint l'objectif escomptée, et ce en dépit des acquis engrangés. Pis encore, "l'observation régulière de ce qui se passe au sein de l'administration marocaine, dans sa conception globale, indique que le vécu quotidien prouve de manière tangible que certains responsables administratifs ne se sont pas départis de leurs pratiques répréhensibles", précise-t-on, dénonçant l'autoritarisme et la condescendance de certains préposés qui continuent de travailler au gré de leurs humeurs. Une administration sévèrement critiquée ! Le Médiateur du Royaume condamne ces pratiques "nombreuses et connues de tous", qu'il ne renvoie pas à des fautes ou à un manque de compréhension, mais plutôt à l'autoritarisme, la condescendance de certains préposés qui continuent de travailler au gré de leurs humeurs, avec une bureaucratie inacceptable et des stéréotypes injustifiés. En effet, dans son discours du Trône de 2017, S.M. le Roi avait souligné que "les fonctionnaires publics, pour la plupart d'entre eux, manquent de compétences et d'ambition et n'ont pas toujours des motivations liées au sens des responsabilités, liées à leur mission", précisant que "certains d'entre eux pratiquent l'absentéisme, se satisfaisant d'un traitement mensuel sûr, pour modique qu'il soit, ne manifestant aucune ardeur au travail et ne nourrissant aucune ambition professionnelle". On se retrouve de ce fait devant une administration qui ne remplit pas sa mission de servir les besoins du citoyen. En témoigne le nombre croissant de plaintes déposées auprès de l'Institution du Médiateur, indicateur explicite qui traduit une relation compliquée entre les deux parties. Près de 9400 plaintes déposées en 2017 Le rapport fait état de 9.378 plaintes déposées en 2017, soit 10% en plus par rapport à 2016. S'agissant de la répartition des plaintes selon la nature des plaignants – en ne considérant que les plaintes qui entrent dans les attributions de l'Institution du Médiateur –, le rapport fait ressortir une prédominance des personnes physiques avec un total de 80% des plaintes déposées (2.162), suivies par les groupes de personnes (345 plaintes, soit 12,7%) et enfin les personnes morales (206 plaintes, soit 7,6%). À noter que pour les personnes physiques, les hommes représentent 75% des plaignants, contre 25% de femmes. Des prestations de base défaillantes Pour ce qui est de la répartition des plaintes en fonction de leur nature, il ressort du rapport la dominance de quatre types d'affaires. A leur tête trônent les affaires à caractère administratif (1.683 plaintes, soit 62% du total des plaintes du ressort de l'Institution, en progression de 22,9%). Il s'agit de doléances portant sur des décisions administratives jugées préjudiciables, de demandes de régularisation de la situation, ou de doléances en raison de la non-obtention d'attestations ou de documents administratifs, ou encore concernant un abus de pouvoir. Les affaires à caractère foncier et immobilier quant à elles ont été au nombre de 476 (17% des plaintes), contre 407 l'année d'avant (+17%). Il s'agit globalement de plaintes liées à des demandes d'indemnisation pour expropriation, des demandes d'accès à des programmes d'habitat ou des doléances en rapport avec le non-respect de contrats administratifs. Viennent après les affaires à caractère financier, 309 plaintes, en progression de 20% par rapport à 2016. Dans 10% des cas, les plaignants dénoncent le non-payement des prestataires suite à l'exécution de marchés publics, alors que les contentieux fiscaux portent sur 1,4% des cas. Les autres affaires portées devant le Médiateur concernent la non-exécution des décisions judiciaires ou des demandes en rapport avec les droits de l'Homme (demande d'indemnisation, situation des prisonniers...). Par secteurs, le rapport indique que c'est l'Intérieur et l'Administration territoriale qui fait l'objet du plus grand nombre de doléances (1.056 plaintes, soit 39%), suivi du ministère de l'Economie et des finances (439 plaintes) et du ministère de l'Education nationale (300 plaintes), de l'agriculture et de la pêche maritime (151 plaintes), de l'emploi et de l'insertion professionnelle (136)…