Discriminatoire, ségrégationniste, désuète, injuste … ce sont les adjectifs forts qui sont utilisés par les signataires de la pétition pour l'abrogation de Ta'sib, cette règle successorale du code marocain de la famille. Cette disposition stipule que les héritières n'ayant pas de frères doivent partager leurs héritages avec des membres des « Assibs », c'est-à-dire des membres de la famille masculins, même éloignés. Rappelons que dès sa publication ce 20 mars, cette pétition a été signée par une centaine d'acteurs associatifs engagés en matière de droits de l'Homme. Mais pas que ! Plusieurs intellectuels, chercheurs et universitaires n'ont pas réfléchi à deux fois pour apposer leurs signatures. Parmi eux, le sociologue Chakib Guessous, pour qui cette règle annihile la solidarité au sein de la société marocaine. Il explique : « quand une femme perds son mari, et quand elle n'a pas de fils, elle se retrouve à vivre seule, même un frère ne la prend pas en charge ». Le sociologue déclare sans ambages : « aujourd'hui ça ne se conçoit plus de passer par Ta'sib ». Pour une certaine justice sociale Même son de cloche du côté de Zhour El Horr, avocate, militante associative et anciennement présidente du tribunal de la famille à Casablanca. « Si le Ta'sib n'a pas de fondement religieux et ne s'appuie pas sur un verset coranique précis, qu'est ce qui nous empêche d'initier un effort de réflexion pour que chacun jouisse de son droit », s'indigne cette éminente juriste ayant participé à la Commission royale consultative de la révision de la Moudouwana en 2004. Pour l'heure, la pétition a été signée par plus de 6 mille signataires appartenant à divers horizons, tous mus par une volonté de participer à u certain rétablissement de justice envers les femmes d'autant plus qu'elles sont avec les enfants, les premières victimes de la précarité. Lire aussi: Omar El Kindi : "Ta'sib est une disposition complètement ségrégationniste"