Comme vous, la Cour des comptes, qui vient de publier son rapport au titre de l'année 2015, n'est pas satisfaite des services de l'Office national des chemins de fer (ONCF) en termes d'infrastructures. Les détails. Suite à 28 missions de contrôle effectuées, la Cour des comptes a publié le 24 avril son rapport au titre de l'année 2015. Dans ce document, l'institution a réservé tout un volet à l'ONCF où elle épingle des manquements au niveau de l'infrastructure et de son maintien. La Cour des comptes épingle ainsi "la faible utilisation de certains engins de maintenance". "Le rendement de certains engins reste faible comparativement au matériel de la même catégorie à cause du vieillissement de ces engins", détaille le département de Driss Jettou. L'ONCF a attendu quatre ans pour réhabiliter des ponts dont la situation était "alarmante" L'état de certains ouvrages d'art de l'ONCF a également été mis en cause par la Cour des comptes. Alors que l'ONCF a confié en 2010 à LPEE la mission de vérification et l'évaluation détaillée de la qualité de l'ensemble des 478 ponts de portée supérieure à 5 mètres, l'office a tardé à réagir aux recommandations du laboratoire d'études, malgré l'urgence de la situation. En effet, LPEE a qualifié l'état de onze ouvrages d'alarmant, le 3 juin 2011 et l'ONCF a attendu... mars 2015 pour arrêter les actions à entreprendre. Soit un retard de près de quatre ans. La vétusté des infrastructures a également été mise en cause comme motif principal des retards réguliers des trains de l'ONCF. "Le nombre d'incidents voie a enregistré un pic en 2011 avec 102 incidents dus à une forte augmentation des ruptures de soudures et cassure de rail (plus de 150%). Ces derniers ont légèrement augmenté de 2013 à 2014 et ont baissé à 58 en 2015", précise la Cour des comptes. Et ces dysfonctionnements structurels n'ont pas été sans conséquences sur la qualité du service de l'ONCF. Ils ont fortement influencé la régularité des trains, note la Cour des comptes, qui évalue à 19.646 minutes le retard accusé par les trains voyageurs, et à 6.457 celui des trains fret. Des quais qui mettent en danger les voyageurs La Cour des comptes estime également que "les quais des gares ne facilitent pas l'accès des voyageurs aux trains", et ce à cause "des espaces entre le quai et la rame qui sont relativement importantes" durs à la non adéquation entre le dimensionnement des quais et la gabarit du matériel roulant qui subsiste en dépit de l'emmarchement installé sur certaines voitures". Ce problème n'est pas sans mettre en danger les passagers et les expose à des risques de sécurité, poursuit le département de Jettou. Cela "dégrade la qualité du transport et augmente le temps d'embarquement et de débarquement et par conséquent, les durées d'arrêt des trains". Autre point épinglé par la Cour des comptes : le vieillissement du parc de matériel roulant de l'ONCF. "En 2015, 47% des locomotives électriques avaient entre 30 et 38 ans, 53% des locomotives diesel de ligne avaient entre 40 et 47 ans et 43% des locomotives diesel de manœuvre avaient entre 31 et 42 ans", détaille la Cour des comptes. Un facteur qui augmente inévitablement les coûts de maintenance, comme le relève l'institution. L'ONCF réplique A cet état des lieux peu flatteur, le directeur général de l'ONCF a répondu à la Cour des comptes. Une réponse sur une dizaine de pages annexée au rapport du département de Driss Jettou. Mohamed Rabie Khlie y détaille, entre autres, les réalisations de l'ONCF durant la période étudiée par la Cour des comptes : augmentation du trafic des voyageurs, progression du trafic fret, amélioration notable du niveau de sécurité sur le réseau, accélération du rythme des investissements ou encore l'augmentation de la longueur du réseau de 1.989 à 2.110 kilomètres en 2015. L'ONCF rappelle également que pendant la période 2010/2014, 74 ouvrages d'art ont été réparés ou réhabilités et qu'un plan a été mis en oeuvre afin d'améliorer la régularités des trains. "Grace au plan d'action mis en œuvre, le nombre d'incidents entre 2010 et 2014, ayant un impact sur la régularité des trains, a connu une baisse respectivement de 26% pour la caténaire et la signalisation. Par contre, les incidents voie ont enregistré une hausse partielle entre 2010 et 2014 notamment sur les tronçons de lignes du trafic phosphates et n'ayant pas d'impact sur la régularité des trains voyageurs", explique l'ONCF.