Le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres a présenté, vendredi, les cinq priorités auxquelles il compte s'atteler, tout au long de l'année en cours, dans le cadre d'un effort international visant à édifier un monde meilleur. "Je veux commencer l'année en tirant cinq sonnettes d'alarme sur Covid-19, la finance mondiale, l'action climatique, l'anarchie qui prévaut dans le cyberespace et la paix et la sécurité", a souligné d'emblée le chef de l'ONU dans son discours devant les Etats membres. Commençant par la crise sanitaire qui éclabousse le monde, il a jugé primordial d'ériger en "première priorité" la lutte contre la pandémie de coronavirus à travers la mobilisation entière de l'ensemble des pays. "Nos actions doivent être fondées sur la science et le bon sens", a-t-il lancé depuis la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU, soulignant que la science est claire: "les vaccins fonctionnent. Les vaccins sauvent des vies". En octobre dernier, l'organisation mondiale de la Santé (OMS) avait dévoilé une stratégie pour vacciner 40% des populations dans tous les pays vers la fin de 2021 et 70% en milieu de 2022, a rappelé M. Guterres, relevant que le monde est loin de tous ces objectifs. "Les taux de vaccination dans les pays à revenu élevé sont sept fois plus élevés que dans les pays d'Afrique. À ce rythme, le continent africain n'atteindra pas le seuil de 70% avant août 2024", a-t-il regretté.
* Covid-19: chute du nombre de cas en Afrique, la 4e vague reflue (OMS) Pour le SG de l'ONU, tous les pays et l'ensemble des fabricants doivent donner la priorité à l'approvisionnement en vaccins de COVAX et créer les conditions pour la production locale de tests, de vaccins et de traitements dans le monde entier. Evoquant la finance mondiale, M. Guterres a insisté sur la nécessité de passer au mode d'urgence sur cette question pour réformer le système financier "dont l'une des principales fonctions est d'assurer la stabilité en soutenant les économies contre les chocs". Face au choc d'une pandémie mondiale, ce système "a échoué", a-t il dit, réitérant son appel à une refonte financière "pour répondre aux besoins des pays en développement, par le biais d'un processus inclusif et transparent". "Afin de construire une reprise forte, les gouvernements ont besoin de ressources pour investir dans les personnes et la résilience, à travers des budgets et des plans nationaux ancrés dans les objectifs de développement durable", a estimé le SG de l'ONU. Il a, dans cadre, fait observer que tous les pays doivent pouvoir investir dans des systèmes de santé et d'éducation solides, la création d'emplois, la protection sociale universelle, l'égalité des sexes et l'économie des soins, ainsi que dans une transition juste vers les énergies renouvelables, soulignant que ces évolutions "nécessitent un examen sérieux des mécanismes de gouvernance financière mondiale qui sont dominés par les économies les plus riches du monde". Le monde doit aussi passer en mode d'urgence en ce qui concerne la crise climatique: la troisième priorité du chef de l'ONU. "La bataille pour maintenir l'objectif de 1,5 degré en vie sera gagnée ou perdue au cours de cette décennie", a-t-il indiqué. "En 2020, les chocs climatiques ont forcé 30 millions de personnes à fuir leurs foyers, soit trois fois plus que les personnes déplacées par la guerre et la violence", a-t-il rappelé, prévenant que les petites nations insulaires, les pays les moins avancés et les populations pauvres et vulnérables du monde entier "sont à un choc de l'apocalypse". Dans ce sens, M. Guterres a insisté sur l'impératif de réduire de 45% les émissions globales d'ici 2030 afin d'atteindre pour atteindre la neutralité carbone d'ici le milieu du siècle, ajoutant qu'un nombre croissant de pays se sont engagés à réaliser cet objectif. D'autres pays, dont certains gros émetteurs, ont une structure économique qui dépend du charbon ont besoin de ressources et de technologies pour accélérer la transition vers l'énergie renouvelable. Dans ce cadre, le SG de l'ONU a plaidé pour la création de coalitions dans le but d'apporter soutien financier et technique à ces pays. "Les pays développés, les banques multilatérales de développement, les institutions financières privées et les entreprises disposant du savoir-faire technique nécessaire doivent tous unir leurs forces au sein de ces coalitions pour fournir le soutien nécessaire à grande échelle et rapidement", a-t-il préconisé. S'agissant de la quatrième priorité, le Secrétaire général de l'ONU a mis l'accent sur l'impératif de placer l'humanité au centre de la technologie. "La technologie ne devrait pas nous utiliser. Nous devons utiliser la technologie", a-t-il dit. "Si elle (technologie) est bien gérée, les opportunités sont extraordinaires, surtout si nous pouvons garantir une connectivité sûre et sécurisée", a-t-il relevé, ajoutant que le "chaos numérique" croissant profite aux forces les plus destructrices au détriment des gens ordinaires. M. Guterres a, de même, indiqué que dans les pays où la connectivité haut débit est faible, le simple fait de connecter les écoles à Internet peut faire augmenter le PIB de 20 %. "Réaliser de tels avantages nécessite de connecter en toute sécurité les 2,9 milliards de personnes qui restent hors ligne, principalement dans les pays en développement", a-t-il souligné. Il a, à ce propos, annoncé la tenue, durant l'année en cours, d'un sommet sur l'éducation qui "sera une occasion à même d'aider à réduire la fracture numérique et garantir un Internet abordable, sûr et sécurisé. prestations pour tous". Pour la cinquième priorité, il est essentiel, pour M. Guterres, d'adopter le mode d'urgence afin de restaurer la paix partout dans le monde. Soulignant que le terrorisme demeure une menace constante qui déstabilise les pays les plus fragiles, le chef de l'ONU a indiqué que l'organisation internationale œuvrera pour des communautés "plus fortes, plus résilientes et plus pacifiques". L'organisation multilatérale ne "ménagera aucun effort pour mobiliser la communauté internationale et faire avancer la cause de la paix" de par le monde", a-t-il conclu.
* ONU: Guterres souligne l'apport de la diplomatie préventive et du développement à la cause de la paix