Les marchés du gaz ont connu une nouvelle poussée de fièvre mercredi 6 octobre, propulsant les cours à des niveaux jamais vus en réaction à la fébrilité des investisseurs devant une demande qui accélère et des stocks déprimés à l'orée de l'hiver. "La flambée actuelle des prix de l'énergie en Europe est vraiment unique", ont réagi les analystes de Société Générale, en indiquant que "jamais auparavant les prix de l'énergie n'avaient augmenté aussi haut et aussi vite". En effet, en six mois, ils ont été multipliés par plus de sept. Mercredi, le cours européen de référence, le TTF néerlandais, s'est envolé à 162,15 euros peu avant 08H30 GMT, un record, quand le prix du gaz britannique pour livraison le mois prochain a atteint 347,27 pence par thermie (une unité de quantité de chaleur). Les deux marchés ont quelque peu ralenti après un pic de hausse de 35% mais engrangeaient toujours des gains de plus de 10% sur la séance vers 11H30 GMT. En cause, un mouvement de panique face à des stocks bas à l'approche de l'hiver dans l'hémisphère nord, ainsi que la demande asiatique élevée, estiment les observateurs. Les analystes d'ING, pour leur part, mettent en cause un ensemble de facteurs composés "de prix élevés de l'électricité, d'une offre limitée en provenance de Russie et la possibilité d'un hiver plus froid". Le Kremlin a cependant affirmé mercredi que la Russie n'avait "rien à voir" dans l'envolée récente des prix du gaz. "Nous insistons sur le fait que la Russie n'a et ne peut avoir aucun rôle dans ce qu'il se passe sur le marché du gaz en Europe", a déclaré Dmitri Peskov, porte-parole du président Vladimir Poutine dans une conférence de presse. Les cours du pétrole ont également atteint mercredi de nouveaux sommets en plusieurs années: les contrats de référence de part et d'autre de l'Atlantique, le Brent de la mer du Nord et le WTI américain, ont culminé à 83,47 dollars et 79,78 dollars le baril, une première depuis respectivement octobre 2018 et novembre 2014. Face à cette hausse incontrôlée des cours, les responsables politiques européens tentent de réagir pour rassurer les consommateurs et limiter l'impact sur leurs factures de gaz. Le Premier ministre français Jean Castex a par exemple promis mardi "d'agir sur le levier fiscal en cas de nécessité", si "les cours internationaux du gaz ne rebaissent pas au printemps" 2022. "Ce qui importe pour les usagers, c'est que leur facture n'augmente plus", a insisté le Premier ministre, interrogé lors des questions au gouvernement par la cheffe des députés PS Valérie Rabault, en assurant "protéger le pouvoir d'achat" des Français. La France, accompagnée de l'Espagne, de la République tchèque, de la Grèce et de la Roumanie, a estimé mardi qu'une "approche commune" devait être adoptée en Europe pour tempérer cette flambée. Au Royaume-Uni, Boris Johnson n'a pas annoncé de mesure comparable au "bouclier tarifaire" français mais le plafond des prix du gaz pour les particuliers a été relevé de 12%. Le gouvernement britannique a par ailleurs annoncé un fonds de 500 millions de livres pour aider les ménages défavorisés à payer leurs factures. Boris Johnson a par ailleurs annoncé l'objectif d'une d'électricité décarbonée d'ici 2035: une mesure aux vertus environnementales mais qui permettra aussi de ne plus dépendre des hydrocarbures venant de l'étranger, dont le gaz, assure-t-il.