Le Forum 2021 du Conseil économique et social des Nations-Unies (ECOSOC) sur le financement du développement durable, tenu virtuellement cette semaine à New York, a adopté par consensus une série de conclusions et de recommandations appelant à des mesures décisives d'urgence face à la pandémie de Covid-19 et à la "pire crise économique et sociale depuis des générations". Une détermination pleinement partagée par la vice-Secrétaire générale de l'ONU, Amina Mohamed, qui a appelé, à cette occasion, à lutter contre un virus qui est aussi "un virus des inégalités". "Nous, ministres et représentants de haut niveau, sommes maintenant aux prises avec une crise sanitaire et socioéconomique multidimensionnelle qui est aggravée par les changements climatiques, la perte de biodiversité et la dégradation de l'environnement", reconnaît le document final du Forum, tenu sur quatre jours (12-15 avril). Le relèvement mondial, ajoute-t-on, doit passer par un accès équitable et abordable pour tous à des vaccins et à des traitements contre la Covid-19, précisent les ministres et représentants de haut niveau, "conscients" que l'immunisation à grande échelle jouera le rôle d'"un bien public mondial" dans le domaine de la santé. Ils encouragent les pays qui en ont la capacité à prendre des mesures pour soutenir activement le Mécanisme COVAX et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), notamment en rendant disponibles les doses excédentaires de vaccins. Si des mesures décisives ne sont pas prises d'urgence, reconnaissent-ils encore, le danger est grand de voir un monde extrêmement divergent et de perdre une décennie de développement durable. Les participants ont aussi réaffirmé que les mesures budgétaires exceptionnelles qui s'imposent doivent être maintenues aussi longtemps que nécessaire pour permettre la riposte sanitaire ainsi que le relèvement social et économique. Ils s'engagent de nouveau à prendre des mesures « collectives » afin de mettre davantage les entreprises et les finances privées en phase sur les objectifs de développement durable et de canaliser l'investissement là où il est le plus nécessaire.
* L'ONU appelle à une action urgente pour éviter une crise mondiale de la dette
Préoccupés par le fait que la pandémie a exacerbé les vulnérabilités préexistantes à la dette et exposé les fragilités de l'architecture financière mondiale, les participants au Forum ont salué les progrès accomplis par l'Initiative de suspension du service de la dette du G20 et se félicitent de sa prorogation jusqu'à fin décembre 2021. Ils se déclarent aussi préoccupés par le peu de participation des créanciers privés à l'Initiative et encouragent la communauté internationale à envisager des mesures pour inverser cette tendance. Intervenant à la séance de clôture du Forum, la Vice-Secrétaire générale de l'ONU, a rappelé combien cette crise a révélé et exacerbé les vulnérabilités des économies et sociétés, en amenant certains à voir dans la Covid-19 « le virus des inégalités ». Elle a, elle aussi, identifié, comme priorités un accès aux vaccins pour tous, un allégement du fardeau de la dette pour les pays vulnérables et des investissements dans la protection sociale et la prévention de futurs chocs. Alors que le Secrétaire général avait, lors de l'ouverture du forum, exhorté les gouvernements à considérer d'imposer un impôt à « ceux qui ont profité de la pandémie », Mme Mohamed a estimé que les moyens de subsistance ne doivent plus être affectés par la volatilité de l'économie mondiale. Elle a donc encouragé les gouvernements à assurer un revenu garanti, par le biais par exemple d'un revenu universel de base. Le monde à plusieurs vitesses que la pandémie est en train de façonner serait une catastrophe pour chacun d'entre nous, a conclu la Vice-Secrétaire générale. Avant l'adoption de ses conclusions et recommandations, le forum a tenu, ce matin, deux tables rondes sur les thèmes « Joindre l'acte à la parole pour lutter contre les flux financiers illicites: actions pour des progrès concrets » et « Edifier une économie du futur qui soit résiliente aux changements climatiques et alignée sur les objectifs de développement durable ».